Graminées givrées

Mises à la mode par le paysagiste Piet Oudolf notamment, les graminées se sont insinuées dans tous les jardins et particulièrement dans les jardins à front de rue des villas suburbaines. Logique; elles sont d’une sobriété inégalée et ne nécessitent qu’une coupe à raz par an. Le jour viendra sûrement où nous serons écoeurés par leur omniprésence, mais en attendant, admirons leurs qualités…

L’herbe la plus plantée appartient au genre Pennisetum (du latin penna, la plume et seta, poil ou soie) qui a le mérite de rester bas et compact et de former de magnifiques queues soyeuses. En fonction des espèces il y aura des variations dans les formes et les couleurs. Ces épis se forment en plein été et retombent gracieusement. D’abord verte, la graminée prend de belles tonalités blondes à l’automne. On peut considérer ce blond comme une vraie couleur, particulièrement appréciable pour diversifier la palette du jardin en automne et en hiver. Devant une haie verte (ici de l’if), le contraste est intéressant.

Les plumeaux des Pennisetum leur permettent de capter la rosée et l’humidité de l’air. Un coup de givre met merveilleusement en valeur le moindre poil. Ces épis portent de petites graines très appréciées des oiseaux du jardin.

Les Miscanthus sont sans doute la seconde espèce la plus plantée. Il en existe de très nombreuses variétés, une centaine environ, dont certaines très hautes; ‘Giganteus’ peut atteindre 3 mètres. Très vigoureuses, ces plantes forment vite des touffes importantes. Les différences interviennent dans la couleur et la largeur des feuilles et la couleur des jolis plumets portés au-dessus du feuillage: or, argent, pourpre, rose.

Chez cette belle variété ‘Morning Light’, au feuillage fin panaché de blanc, les plumets ploient sous le poids de la neige.

Sur cette image, on distingue bien la différence entre les Miscanthus dressés et le fin feuillage en cascade des Pennisetum à l’avant-plan? Un léger givre a balayé leur coiffure.

Une jolie scène hivernale: plumets de Miscanthus enneigés devant des baies de rosier, réserve que les oiseaux gardent pour la fin de l’hiver.

Un effet de nuage aérien est obtenu avec le panic érigé, Panicum virgatum. Il s’agit d’une graminée haute, pouvant atteindre 1.80m et dont le port est effectivement érigé. Elle se maintient bien droite malgré le mauvais temps. La plante est peu exigeante en matière de sol et supporte la sécheresse. Les inflorescences très fines portent comme des petits grains de riz et forment un véritable nuage au-dessus des feuilles. Quand le givre détaille chaque brindille l’effet est ravissant. Il y a de nombreuses sélections de cette herbe de la pairie américaine, avec des variations plus ou moins teintées de rouge du feuillage et des panicules.

Aimant au contraire les sols humides, Imperata cylindrica ‘Red Baron’ convient bien pour un bord d’étang. Les feuilles, qui ne dépassent pas les 50 cm, se teintent de rouge en été. Elles disparaissent à la fin de l’hiver mais le rouge transparaît encore sur les feuilles gelées. Cette herbe très décorative drageonne mais n’est pas envahissante.

Nul besoin d’avoir un ‘jardin’ pour admirer la magie qu’opère le givre quand un pâle soleil d’hiver finit par se lever. Les herbes spontanées de la prairie sauvage se cristallisent. La beauté est partout.

La perfection réside peut-être dans la simplicité d’un seul brin.

Le crime est de tondre ses graminées avant l’hiver, se privant d’un spectacle féerique. De plus, certaines de ces graminées, dont les Pennisetum, sont assez sensibles au froid et il vaut mieux que la souche reste protégée en hiver. Ce n’est qu’en mars, quand la végétation est prête à repartir, que les touffes pourront être taillées à raz. Ce sera moche pendant un mois… Passez le tout au broyeur pour obtenir un excellent paillage et regardez ailleurs!

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