Tardives inusuelles

Les jardins de ville méritent une attention particulière en dehors des mois d’été, quand les propriétaires sont souvent absents. Dans un espace réduit, avec souvent un voisinage à dissimuler, il faut choisir des plantes de grand intérêt et ne pas se contenter de la banalité. Voici quelques candidats qui épatent et réconfortent en fin de saison.

Osmanthus fragrans var. aurianticus

Tout parle parfum dans le nom de l’osmanthe; fragrans est évident, Osmanthus vient du grec osma, parfum et anthos, fleur. On l’appelle d’ailleurs parfois olivier odorant. Le nom vernaculaire est traitre car il ne s’agit bien sûr pas du tout d’un olivier, même si les 2 genres appartiennent à la même famille des oléacées. Quel est son parfum tant vanté? Un subtil mélange de pêche et d’abricot mûr. Cette espèce asiatique est utilisée de la Chine au Japon pour parfumer le thé et les gâteaux ou capter l’essence dans des liqueurs. Chez nous l’osmanthe est prisé en parfumerie.

Vous êtes sans doute plus familiers avec Osmanthus heterophyllus, qui peut formes de très beaux sujets taillés en solitaire ou Osmanthus x burkwoodii qui est actuellement poussé comme remplacement du buis pour de petites haies. Leurs petites feuilles persistantes rappellent celles des houx. Leur floraison blanche, discrète mais très parfumée, est hivernale.

La variété aurantiacus, comme son nom (or antique) l’indique, a de charmantes petites fleurs à quatre pétales oranges, poussant en grappes à même le bois. La floraison commence en fin d’été et se renouvelle. Ces images datent du 15 octobre!

Les grandes feuilles persistantes, d’un beau vert luisant, sont un grant atout, plaçant la plante au-dessus de la plupart des persistants communs. Pouvant atteindre 4m de haut, l’arbuste a l’avantage d’être bien ramifié et touffu, le rendant idéal pour cacher un élément dérangeant.

Seul caveat: Osmanthus fragrans n’est pas d’une grande rusticité et sera heureux dans un lieu abrité et sur un sol drainant. On lui recommande un peu de soleil mais chez moi il est adossé à un mur nord, ne bénéficiant que du soleil couchant. Une plante assez rare, acquise par curiosité, qui après quelques années répond tout à fait à mes espérances.

Abelia grandiflora

Un persistant très raffiné, qui m’enchante chaque automne, est l’abélia. J’en ai déjà parlé brièvement dans un billet sur les bonnes branches pour les bouquets. Les jolies branches arquées de ces petits arbustes, bien fournis en petites feuilles luisantes, font d’excellents fonds de bouquets toute l’année.

Récemment encore, on ne trouvait que l’espèce de base, Abelia grandiflora sur le marché. Son feuillage est vert foncé et les fleurs blanches sont suivies de jolies bractées roses. Depuis lors, la gamme s’est considérablement élargie avec des feuillages panachés (‘Versicolor’ ou ‘Confetti’) ou dorés (‘Kaleidoscope’) et des fleurs blanches, mauves ou roses (‘Raspberry Profusion’). Certains sont de surcroît parfumés. Un site comme Promesse de Fleurs en propose plus d’une douzaine, adaptés à différents usages. Des cultivars nains sont originaux en pots, de plus grands conviennent pour créer des haies.

En fleur de juillet à octobre, parfaitement sain et ne nécessitant aucune taille, l’abélia est une plante à peu près idéale, notamment pour les petits jardins de ville. Sa rusticité ne vas pas au-delà de -10 °C, ce qui ne pose aucun problème en milieu urbain. J’ai en revanche découvert à mes dépens que les chevreuils en étaient assez friands.

Comme vous le voyez avec la sélection ‘Confetti’ ci-dessus, le port naturel est harmonieux et convient parfaitement pour border un chemin d’accès. Envisagez ce candidat quand vous aurez eu le courage de finalement extirper vos buis!

Fuchsia magellanica

L’arbuste qui fleurit le plus gracieusement en ce mois d’octobre, insensible aux intempéries, est ce fuchsia de Magellan. La pluie glisse littéralement sur les longs sépales fuchsia qui protègent une corolle violette dont émergent de longues étamines. Dans un parterre d’asters et de sedums, cet arbuste aux fines branches arquées est lumineux.

La plupart des fuchsias ont une origine tropicale et sont gélifs. Cette espèce est par contre originaire du sud de l’Argentine et du Chili et a en conséquence été nommé pour le détroit de Magellan. Elle y pousse au bord de fjords et de lacs et convient donc pour le bord de mer. En climat doux, ce fuchsia sera semi-persistant. Sa rusticité va jusqu’à -10°C mais la partie aérienne de la plante peut gèler avant de repartir de la base.

Pour une fois, il n’y a pas mille variétés parmi lesquels opérer un choix difficile. Les feuilles peuvent avoir quelques variantes, toujours avec des fleurs roses. Fuchsia magellanica ‘Ricartonii’ a des feuilles vert foncé qui prennent des tons bronzes. ‘Versicolor’ est très délicat avec des feuilles grises bordées de crème et de rose. Il existe un ‘Aurea’ et un ‘Variegata’. Il y a enfin une sélection unique à fleurs claires: ‘Alba’. Elle a l’air d’avoir été passée à l’eau de javel, mais elle est malgré tout ravissante.

N’hésitez pas à relire l’article de l’automne dernier sur les camélias d’automne, les Camellia sasanqua, que l’on peut ajouter à cette liste d’arbustes inhabituels à floraison automnale.

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