L’intérêt hivernal des véroniques arbustives

Sur le continent, nous n’avons jamais été très forts en matière d’arbustes persistants. Nos voisins britanniques cultivent depuis longtemps un choix nettement plus vaste. Pour faire ce constat, il suffit de se promener dans Londres et d’admirer les jardinières aux fenêtres et les jardinets à front de rue, gracieusement offerts à la vue des passants. L’Île bénéficie bien sûr d’un climat qu’on pouvait lui envier. Aujourd’hui, réchauffement aidant, beaucoup de ces espèces peuvent prospérer chez nous, notamment les très beaux Hebe.

Dans la mythologie grecque, Hebe (prononcez hébé) était la fille de Zeus et de Héra. Elle jouait un rôle capital sur l’Olympe car elle versait aux dieux le nectar et l’ambroisie qui les rendait immortels. Elle était en conséquence vénérée comme la déesse de la jeunesse et de la vitalité, ce qui en fait un joli nom pour une plante. Hélàs, au gré des reclassements, le genre Hebe a maintenant été inclus dans les véroniques, Veronica, mais reste utilisé comme synonyme pour les véroniques arbustives. On les reconnaît aisément à leurs petites feuilles persistantes disposées en carré sur les branches et à leurs fleurs en épis.

L’ exemple gracieux ci-dessus, en fleur dès juin, est le cultivar néo zélandais ‘Wiri Mist’. Le genre Hebe est originaire de Nouvelle-Zélande (Wiri est un faubourg d’Auckland) et du sud de L’Amérique du sud. Ses nombreuses espèces ont une aire de répartition qui va de la côte à des habitats alpins.

Ces petits buissons supportent tout à fait les embruns et conviendraient idéalement pour des régions tempérées comme la Bretagne. La rusticité varie d’une espèce à l’autre, entre -5°C et -12°C. La règle de base est simple: plus la feuille est grande est moins la plante sera rustique.

Un sol drainant limite les maladies et améliore la résistance. Ces véroniques sont donc idéales pour les jardinières mais aussi pour les parterres bien protégés, notamment en ville.

Ici, une variété à floraison hivernale est associée à une sauge à petites feuilles qui produit ses dernières fleurs. Nous sommes en novembre!

Ce qui nous intéresse particulièrement en cette saison, ce sont justement ces cultivars qui fleurissent très tardivement et sur une longue période car tous les épis ne s’ouvrent pas simultanément. On les trouve, généralement en petits formats, chez pépiniéristes, voire même les fleuristes, dans des tons de bleu, violet ou rose. ‘Blue Gem’ et ‘Raspberry Ripple’ sont de belles sélections. L’Irlande a des spécialistes en la matière. Ces plantes bien compactes, dont vous constatez que la feuille est assez large, conviennent particulièrement pour égayer les balcons et les jardinières.

Il n’y a pas de raison de ne pas avoir des jardinières aussi fournies l’hiver que l’été. Pour se donner le moral et amorcer une ambiance de Noël, associez les véroniques à des plants de Skimmia, de lierre panaché ou de bruyères d’hiver par exemple. Les baies rouges de Gaultheria procumbens, une petite plante basse, sont décoratives sur les appuis de fenêtre.

Une très belle sélection blanche à floraison tardive est Hebe ‘Kirkii’, un hybride de H. salicifolia, à feuilles étroites comme les feuilles de saule. Cette plante, toute en finesse et en légèreté, convient bien pour la plantation en pleine terre dans une position ensoleillée et abritée.

D’autres Hebe sont plus intéressants pour leur petit feuillage persistant, particulièrement ceux à feuilles gris-vert. L’arbuste développe naturellement un habitus dense, compact et harmonieux, atteignant 1m en tous sens. Pour ceux qui aiment les formes arrondies, voici une alternative au buis de tout repos, sans taille et sans maladies. Le premier gros plan illustre d’ailleurs le Hebe buxifolia (à feuille de buis), le second est l’excellent cultivar ‘Cobb Valley’. Tous deux ont une floraison blanche.

La folie des cultivars s’est aussi emparée des véroniques arbustives et leur liste ne fait que s’allonger. Ceci est dû au fait qu’il y a déjà de nombreuses belles espèces dans la nature mais aussi qu’elles produisent facilement des mutations génétiques. Des lusus (sport en anglais) apparaissent spontanément dans les pépinières; il s’agit généralement d’une branche qui diffère du reste de la plante. Le pépiniériste peut alors reproduire cette branche par bouture et aura le plaisir de nommer et éventuellement de breveter sa trouvaille.

Dans l’ordre ci-dessus, un petit échantillon:

  • Hebe ‘Purple Shamrock’

  • Hebe ‘Pink Lady’ à fleurs blanches malgré le nom

  • Hebe ‘Wild Romance’

  • Hebe odora ‘New Zealand’, un arbuste subalpin de croissance lente et inodore en dépit du nom

  • Hebe pimeloïdes, un natif des montagnes sèches de Nouvelle Zélande. ‘Quicksilver’ est plus compact encore

  • Hebe ochracea dont les feuilles sont quasiment réduites à des écailles. La floraison est blanche

Selon moi, ces jolies néo-zélandaises répondent bien à l’adage ‘Small is beautiful’. Vu que les jardins deviennent de plus en plus petits, ne les négligeons pas.


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