Une patate douce fait des petits

Voici une petite vidéo filmée à l’improviste dans la cuisine par un de mes enfants en avril 2020. Elle montre comment reproduire les patates douces et me tient particulièrement à coeur. Je l’avais mise sur un groupe WhatsApp d’amis qui cherchaient des occupations vertes pendant la période de confinement strict décrétée pour lutter contre la covid-19. Les réactions reçues ont convaincu mes enfants que je devais commencer mon propre blog, projet qu’ils m’ont aidée à réaliser pendant leurs 2 mois de séjour forcé à la maison. La patate douce est donc réellement le tuyau à l’origine de tous les tuyaux!

Vers le début du printemps, récupérez une patate de votre production ou achetez-en une pour commencer à la faire germer. Il vaut mieux prendre un produit bio pour être sûr qu’il n’a pas été traité pour inhiber la germination. Un tubercule que vous avez acheté il y a un certain temps aura déjà des ‘yeux’ qui commencent à se développer, comme c’est le cas pour les pommes de terre. Placez les demi patates à la lumière sur l’appui de fenêtre et veillez à maintenir le niveau d’eau. Au bout d’une quinzaine de jours les pousses vont commencer à se développer.

Au bout d’un mois, les tubercules devraient être hérissés de nombreux jets. Certains, s’ils sont sous le niveau de l’eau, auront commencé à faire des racines.

Quand les pousses paraissent vigoureuses, détachez-les prudemment de la vieille patate en tournant délicatement la base. Placez-les ensuite dans un verre avec un fond d’eau. Cette étape-ci est très rapide et satisfaisante: en quelques jours à peine vous verrez apparaître de belles petites racines. Dès ce moment vous pouvez repiquer vos jeunes plants dans des pots avec du terreau. Le stade suivant de leur vie se poursuivra en serre si vous en avez une, sinon ce sera toujours l’appui de fenêtre. Quoi qu’il arrive les jeunes plants doivent être gardés à l’abri du gel.

Mi-mai est arrivé, les giboulées et les saints de glace sont derrière nous. Quelques racines émergent du fonds des pots: il est temps d’installer les jeunes plants en pleine terre. Le potager est bien sûr tout indiqué, mais un emplacement dans un parterre ou un grand bac est une autre possibilité. La plante a un développement important: prévoyez environ un mètre en tous sens.

Tenez bien compte du fait que vous avez affaire à une plante originaire des tropiques; il lui faut du soleil, de la chaleur et de l’eau. Plantez-la sur une petite butte (pour plus de chaleur) et paillez bien le pied (pour retenir l’humidité).

Bientôt la plante émettra de longs rameaux couverts de belles feuilles en forme de coeur qui couvriront efficacement le sol. Elle produira même d’assez jolies fleurs qui ne s’ouvrent que quelques heures le matin. Vous constaterez alors que cette rampante à l’allure tropicale n’a rien à voir avec une pomme de terre. En réalité, c’est elle la vraie patate! Son nom latin est en effet Ipomoea batatas, le nom de batata étant le nom indigène que rencontrèrent les conquistadors en Amérique centrale d’où elle provient. Vous connaissez sans doute l’ipomée, appartenant au même genre, un plante volubile produisant de magnifiques entonnoirs bleus. Il existe par ailleurs de nombreuses sélections ornementales de la patate douce, avec des feuillages dorés ou presque noirs. Ceux-ci ne produisent malheureusement pas de tubercules de consommation.

A partir de septembre et avant les gelées vient le moment de la récolte. Et voici un monstre! Oui, les patates douces peuvent avoir des formes et des tailles très irrégulières. Il en existe d’ailleurs de nombreuses variétés dont la peau et la chair peuvent avoir différentes couleurs: blanc, jaune, orange, rose, rouge ou violet. Les goûts varient en conséquence. Dans le commerce, ce sont surtout celles à chair orangée qui dominent mais l’amateur peut expérimenter s’il trouve un tubercule de départ. Le spécimen montré ici est rose à chair blanche, très fine et un peu moins sucrée.

La principale difficulté que j’ai rencontrée est la bonne conservation des tubercules. Il est indispensable de les durcir pour pouvoir les garder longtemps. J’ai commis l’erreur de les mettre en cave où elles pourrissent rapidement. En réalité elles doivent être exposées au soleil après la récolte en ensuite gardées quelques semaines bien au chaud.

Dans le pays de frites qui est le mien, l’intérêt pour les batatas en cuisine est quasi inexistant. Pourtant, ce légume est extrêmement sain, riche en vitamines A,C et B6 notamment. Heureusement les livres de cuisine plus jeunes et plus modernes ont ‘redécouvert’ ce délicieux légume. Maintenant que le climat joue en sa faveur, ne nous en privons pas!

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