La tulipe perroquet: monstre ou merveille?

Parmi les différents types de tulipes, la tulipe perroquet est de loin la plus baroque! Ses pétales sont déchiquetées, son air exotique et ses couleurs évoquent les ailes du volatile.

Ces tulipes, généralement parmi les plus tardives, existent en plusieurs couleurs, comme le montre cette page du catalogue de Baumaux, qui propose un lot de 10 variétés différentes. N’allez surtout pas acheter ce mix mais plutôt dix bulbes d’une seule sorte…

A partir d’un bouton vert, ces beautés excentriques déploient des pétales irréguliers, souvent marqués de vert. Leurs noms évoquent le plus souvent le perroquet en anglais: ‘White Parrot’, ‘Super Parrot’, Black Parrot’, ‘Negrita Parrot’, ‘Apricot Parrot’, ‘Flaming Parrot’ etc.

Une tulipe ‘normale’ est simple, bien lisse et généralement d’une seule couleur. Les bizarreries sont provoquées par un virus, le virus de la panachure de la tulipe (TBV Tulip Breaking Virus). Dans la nature, ce virus est transmis par des pucerons.

Au 17ème siècle, au sommet de la tulipomanie, quand un bulbe de tulipe flammée valait une maison, les cultivateurs n’avaient évidemment pas connaissance de ce virus. Ils avaient cependant découvert empiriquement qu’en plaçant un bulbille de tulipe classique à côté d’un bulbe ‘cassé’ (produisant une fleur flammée), ils pouvaient obtenir de nouvelles panachures. Aujourd’hui on a recours à des radiations.

Dans les tableaux des maîtres flamands de la deuxième moitié du 17ème siècle, notamment de Jan Davidsz de Heem et de Cornelis van Spaendonck, on voit des tulipes qui ressemblent à nos perroquets. Pourtant, ces beautés étranges n’auraient été introduites de l’Empire Ottoman en France qu’à la fin du 18ème siècle, avant d’être exportées en Hollande par les français. Depuis, le motif n’a cessé de fasciner les artistes.

Une des variétés les plus décoratives, un véritable oiseau du paradis, est ‘Apricot Parrot’. Disposées simplement dans un tulipier, les fleurs vont s’ouvrir et se tordre pour un effet des plus baroques. ‘Estella Rijnveld’, rouge striée de blanc, et ‘Flaming Parrot’, jaune striée de rouge, sont peut-être celles qui permettent le mieux d’évoquer les tableaux anciens. Ces tulipes particulières se cultivent de préférence dans un coin de fleurs à couper. Elles ne sont pas toutes faciles à intégrer dans les parterres et dégénèrent très vite.

Si elles ont des airs de tulipes anciennes, on les voit aussi utilisées en masse dans des création urbaines actuelles, comme ici à Amsterdam. Ces tulipes très doubles et compactes font beaucoup d’effet (un peu violent même) et se flétrissent moins vite que les somptueuses tulipes de Darwin.

Flamboyants et franchement design, ces perroquets peuvent aussi être résolument contemporains en décoration.

‘Black Parrot’ s’intègre joliments aux tons pastels des parterres printaniers. Les bulbes restés en terre d’une année à l’autre produisent des fleurs plus petites, plus faciles à utiliser dans les bouquets. Ici, elles rehaussent un nuage de lilas à petites fleurs, dont Syringa microphylla ‘Superba’ rose, S. protolaciniata ‘Kabul’ violet et le ravissant S. vulgaris ‘California Rose’ aux grandes panicules légères rose pâle.

Et, pour ceux d’entre vous qui trouvent que les tulipes perroquet sont plus monstres que merveilles, voici un monstre véritable: Tulipa crispa ‘Vincent van Gogh’!

Précédent
Précédent

Quelques arbres couleur crevette

Suivant
Suivant

La forêt bleue