Des oignons à sensation

Quoi de plus photogénique qu’une belle tête d’ail? Pourtant, ces bulbes à sensation sont souvent absents des parterres, la culture des bulbes se résumant pour beaucoup à quelques narcisses et tulipes. Je me propose de vous en faire découvrir les qualités pour donner de l’éclat et de la structure aux parterres de fin de printemps. Les sélections imposantes du genre Allium commercialisées aujourd’hui sont magnifiques dès l’apparition du bouton et restent belles longtemps après la floraison. Certaines se divisent naturellement et d’autres se ressèment, formant de beaux groupes.

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Dans la nature, les ails sauvages sont très largement répandus. Le plus souvent il s’agira d’espèces fines et courtes dont je ne traiterai pas ici tant il y en a. Parfois ce sont de belles espèces élancées et colorées comme ces allium atroviolaceum qui poussent sauvages sur les côtes du sud de l’Italie. On peut déduire de cet habitat que ces bulbes aiment les sols drainés, à tendance calcaire, et que des été chauds et secs leur conviennent tout à fait. Une plante d’avenir donc pour les étés qu’on nous prédit…

Dans les contrées moins arides, les ails d’ornement se cultivent plutôt au milieu des parterres, entre les plantes vivaces. Il y a une bonne raison à celà: elles ont un défaut malgré toutes leurs qualités. Cette seule ombre au tableau est que le feuillage se flétrit très rapidement, souvent au moment même de la floraison. Les planter au milieu de vivaces bien denses permet de cacher efficacement ce feuillage qui dépareille le bel oignon. Leurs tiges solides émergeront sans problème au-dessus des asters, des phlox, des lavandes, des géraniums ou des graminées.

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En règle générale, les ails décoratifs aiment les parterres au soleil. Certains peuvent toutefois se plaire à l’ombre comme la variété ‘Purple Rain’, un croisement de ‘Purple Sensation’ et A. christophii qui se naturalise facilement. Sa couleur plus atténuée produit un bel effet dans une plantation en masse. Cette photo et quelques autres ont été prises dans le jardin de Mr et Mme Joos-Cambier à Bellem qui cultivent les alliums avec enthousiasme. Ils ouvrent leur jardin pour les membres de Jardins Ouverts de Belgique.

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Allium cristophii est très caractéristique, avec ses gros globes très aériens de fleurs étoilées, qui font penser à un feu d’artifice. On le surnomme Étoile de Perse. La couleur est rose violacé avec un reflet métallique. Avec ses têtes de 20 cm de diamètre, cette espèce est impressionnante dans les bouquets frais ou secs. Les tiges sont par contre assez courtes, de 50 cm environ.

Une valeur sûre pour une première tentative pourrait-être Allium aflatunense ‘Purple Sensation’. Ce cultivar est très lumineux, sain, élancé et pas trop volumineux. Plein de bonne volonté, il peut de ressemer librement, prenant alors diverses nuances de pourpre car les semis ne sont pas tout à fait identiques au parent.

Une valeur sûre pour une première tentative pourrait-être Allium aflatunense ‘Purple Sensation’. Ce cultivar est très lumineux, sain, élancé et pas trop volumineux. Plein de bonne volonté, il peut de ressemer librement, prenant alors diverses nuances de pourpre car les semis ne sont pas tout à fait identiques au parent.

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Pour un effet tout à fait sensationnel, les baguettes de tambour géantes du cultivar ‘Globemaster’ n’ont pas leur pareil. Ces bulbes sont présentés ici par le cultivateur Nyssen Bulbs à la fête des plantes de Hex, en Belgique.

Il me serait impossible de présenter en détail tous les cultivars qu’offre aujourd’hui le marché. A vous de les explorer! Les différences se trouvent dans les nuances de violet, dans la densité des têtes, leur forme arrondie ou aplatie, leur hauteur et le moment de leur floraison. Si la plupart des variétés fleurissent en mai et juin, le gigantesque ‘Summer Drummer’ a le mérite de fleurir en juillet-août, ce qui en fait un choix idéal pour les maisons de vacances: beaucoup d’effet pour peu d’effort. Il reste d’ailleurs aussi beau sec que fleuri. ‘Red Mohican’ est également un tardif. Pour la taille, on peut se laisser tenter par les géants qui émergent sans problème au-dessus de touffes de grandes graminées; A. giganteum atteint 175 cm mais A. altissimum ‘Goliath’ le bat avec ses 2 mètres! Les bulbes de ces géants peuvent être bien plus gros qu’une balle de tennis et leurs prix sont à l’avenant.

Pour ceux que les tons violets rebutent, il y a aussi de très belles variétés blanches, même si le choix est plus limité. Un excellent classique est Allium nigrum, ce qui, curieusement, veut dire noir. Cette plante est bien rustique et forme des groupes fournis en quelques années. Les inflorescences blanches, des demi-sphères d’assez grandes fleurs, s’élèvent à 80 cm sur des tiges bien solides. Les fleurs sont caractérisées par un ovaire vert très marqué et décoratif. Cette variété est d’ailleurs excellente pour les bouquets. Il en existe une variété rose dénommée ‘Pink Jewel’.

Parmi les autres belles sélections blanches il y a ‘Mount Everest’, atteignant 1 m de haut, dépassé largement par A. altississum ‘Album’ qui atteint 2m mais est moins courant. Un fonds sombre, comme cette haie de hêtre pourpre, mettra particulièrement en valeur ces fusées blanchées.

Les versions à tiges moins hautes et à feuillages intéressants peuvent convenir pour des pots. Ils sont jolis dès l’émergence des premières feuilles et sur une longue période. Un des meilleurs pour ce usage est Allium karataviense, originaire de la chaîne de montagnes karatau au Kazakstan.

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Les grandes boules colorées des allium attirent les abeilles comme un aimant et leur offrent un terrain d’atterrissage parfait. Chaque fleur individuelle de ces grosses inflorescences doit être visitée. Il y a du travail mais aussi de la récompense. Par contre je ne sais pas quel sera l’effet sur le goût du miel…

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Allium schubertii fait exception parmi toutes ces belles boules ordonnées. Ses inflorescences explosées, pouvant atteindre 30 cm de diamètre, sont spectaculaires une fois séchées. On a affaire ici à une véritable curiosité mais j’ai quelques réserves. Tout d’abord la tige n’atteint pas plus de 50 cm et dès lors ces têtes échevelées n’émergent pas vraiment des vivaces. Secundo, la terre d’origine de schubertii est le Moyen-Orient ce qui en fait un spécimen plus adapté aux climats chauds et secs.

Pour l’anecdote: lors d’une visite de jardin avec des amies apprenties jardinières très appliquées, j’ai vu quelqu’un noter ‘Allium chou vert’ sur son calepin. Je me suis dit qu’il y avait là quelque chose à faire… Schubertii est donc un peu à l’origine de mon livre ‘Le Latin de mon jardin’!

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