Pétards et pastels

La floraison des dahlias, un festival de couleurs.

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Dahlia. Que d’histoires, de voyages et d’aventures derrière ce joli nom … de femme? Hélàs non! Bien peu de plantes honorent des femmes alors que beaucoup rendent hommage à des curés ou à d’éminents mais obscurs professeurs. Derrière le dahlia nous trouvons le professeur de botanique suédois Anders Dahl, fils de pasteur et disciple de Linné. Nous sommes tout à la fin du 18ème siècle et les premiers spécimens de cette espèce jusqu’alors inconnue en Europe venaient d’arriver dans les jardins royaux à Madrid, en provenance du Mexique.

Le dahlia nous vient de fait du nouveau monde, où la plante était d’une grande utilité dans la culture Aztèque. Les grosses tubercules étaient consommées comme aliment, et l’abondant feuillage coupé régulièrement comme fourrage. De plus, une variété géante, Dahlia imperialis, dont les tiges creuses et solides atteignent plusieurs centimètres de diamètre, fournissait d’excellents tubes pour les canalisations. Dans un premier temps on y vit donc une alternative possible à la pommes de terre.

Les fleurs n’intéressaient personne…

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Jusqu’à l’arrivée d’une femme justement, et pas n’importe laquelle: Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon Bonaparte. Jeune femme créole, originaire de la Martinique, Joséphine rêvait de recréer en France l’Eden de son enfance. L’occasion lui en fut donné en 1799 quand elle acheta le château de Malmaison et entreprit d’y aménager un jardin botanique personnel avec de nombreuses serres. L’impératrice sut tirer parti des grands moyens et de l’extraordinaire réseau que lui procurait son mari (même si elle ne devait pas le voir souvent…). Elle correspondait avec les botanistes qui accompagnaient les expéditions napoléoniennes en se faisant envoyer semences et spécimens dont elle avait la primeure et l’exclusivité. On raconte que le premier dahlia à fleurir en France fleurit à la Malmaison. Elle collectionna de manière jalouse et compétitive, défendant à quiconque de cultiver les précieux dahlias. Selon la légende, une de ses servantes aurait dérobé des tubercules, déclenchant une telle fureur chez l’impératrice qu’elle mit fin à sa collection.

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Et c’est ainsi que d’impérial le dahlia devient plébéien. Depuis, cette fleur a fait l’objet de modes. Tantôt elle déchaînait les passions, tantôt on la décriait comme surannée. Elle évoquait la vieille dame descendant le chemin du potager avec son panier et son chapeau de paille pour cueillir ces horreurs criardes et en faire des compositions vulgaires…

Pour ceux qui les adorent comme moi, c’est incompréhensible! Rien n’égale la profusion des dahlias, en fleur sans relâche de juillet aux gelées, dans un éventail de formes et de tons inégalable.

Même leur culture est simple: il suffit de déterrer les rhizomes en novembre, de les stocker au frais et au sec tout l’hiver et de les replanter en mai. Le dahlia ne supporte en effet pas le froid mais la dormance du tubercule permet d’acclimater cette exotique chez nous. Un peu d’anti-limaces, un solide piquet pour les attacher, rien de plus. Ensuite, plus on cueille et plus il vient de fleurs.

Cet échantillon de mon potager ne vous donnera qu’une toute petite variété de l’infinie diversité des dahlias: 57.000 cultivars enregistrés! Autant vous dire que je ne me rappelle plus des noms des miens, d’autant que beaucoup proviennent d’échanges et de cadeaux. Les mottes deviennent très grosses au bout de quelques années et rien n’est plus facile que de détacher quelques tubercules pour les donner.

La raison pour laquelle les obtenteurs peuvent s’amuser à ce point à créer toutes les folies imaginables, c’est que le genre Dahlia est octoploïde. En d’autres termes il compte huit séries de chromosomes alors que la plupart des organismes n’en ont que deux. D’autres subtilités génétiques favorisent aussi cette variabilité. En conséquence, outre l’arc-en-ciel de couleurs, on trouve des naines et des géantes, des dahlias à fleur simple (très appréciées des abeilles), à pompons, laciniés, cactus, à fleur de camélia, d’anémone, de pivoine ou de nénuphar… Vous n’aurez plus qu’à les assortir à votre intérieur.

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La variabilité est telle que plusieurs variantes peuvent même apparaître sur la même plante!

Une masse de dahlias se suffisent à eux-mêmes dans un vase. Ceci est mon bouquet pétard! Ces tons chauds se marient aussi magnifiquement aux feuillages d’automne, un peu plus tard dans la saison.

Une masse de dahlias se suffisent à eux-mêmes dans un vase. Ceci est mon bouquet pétard! Ces tons chauds se marient aussi magnifiquement aux feuillages d’automne, un peu plus tard dans la saison.

Et ceci le bouquet de géantes pastel!

Et ceci le bouquet de géantes pastel!

Un mariage avec les roses permet d’infinies subtilités de tons.

Côté salon, côté cuisine, le dahlia va partout …alors, amusons-nous!

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