Entre la framboise et la mûre

Si on est passionné de potager, il est clair qu’on va vouloir épater ses amis en mettant sur la table des produits qui leur sont inconnus. La framboise du Japon est un bon candidat à l’effet surprise. Elle se cueille entre la framboise et la mûre, comblant le vide du plein été.

Il existe à peu près 250 espèces de ronces, les Rubus, dont les plus connues pour les fruits sont la framboise et la mûre. Le mûrier du Japon, Rubus phoenicolasius, est beaucoup moins répandu dans nos jardins, alors qu’il produit un fruit délicieux sur une plante très décorative.

Ce qui rend cette ronce si belle, même en hiver, ce sont les innombrables poils rouges qui couvrent les tiges, même en hiver. C’est d’ailleurs ce trait qui lui a donné son nom plutôt compliqué, du latin à partir du grec ancien phoenikeos (rouge) et lasios (laineux, poilu).

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Cette ronce est asiatique, originaire de Chine, du Japon et de Corée. Cela lui vaut le nom de mûrier ou framboisier du Japon. En anglais, on l’appelle généralement Japanese wineberry. Il s’agit d’une plante très résistante au froid, capable de pousser en altitude. Des exemplaires ont été introduits aux Etats-Unis dès la fin du 19ème siècle, probablement pour servir de pied de greffe pour nos framboises cultivées. Comme il arrive souvent, cet exotique a fait le mur et s’est échappé dans la nature. Dans certains états, américains, dont l’état de New York, cette ronce est devenue méchamment invasive, créant des fourrés épineux impénétrables et supplantant la végétation indigène.

Même s’il ne semble pas y avoir de problème en Europe, ne plantez donc pas Rubus phoenicolasius dans la nature, mais gardez le bien sous contrôle sur un mur ou dans le potager. La meilleure manière de faire est d’ailleurs de le palisser, comme pour les mûres américaines. Relisez à ce propos l’article ‘Les américaines n’ont pas d’épines’ de août 2020. https://www.tuyauxdejardin.com/blog/revd4axe1mzyqg4kluqq3aynjnz9s3

Comme ces dernières, ce Rubus est bisannuel. La première année, des cannes qui peuvent avoir 3 m de long sont émises à partir de la base. Elles ne portent pas de fleurs. Il convient de ne surtout pas les couper mais de les attacher pour qu’elles ne s’abîment pas.

La deuxième année, des pousses latérales apparaissent tout le long des cannes, produisant des fleurs, puis des fruits.

A la fin de la saison, les cannes qui ont fructifié doivent être recoupées à la base.Comme beaucoup de ronces, on peut reproduire celle-ci aisément par marcottage ou bouturage.

Le fruit naissant est protégé, un peu comme un bouton de rose, par des sépales hérissés de glandes rouges, un peu gluantes. A ce stade, la plante est particulièrement belle et peut être du plus bel effet en décoration. Les petits fruits rouges et luisants mûrissent, eux aussi légèrement collants au toucher. Ils sont très sains, peu visités par les vers et les insectes. Quand ils finissent par tomber, une base orange vif reste bien visible.

Comme on peut le voir, la framboise japonaise est plus petite que la framboise classique, mesurant pas plus d’un centimètre. Son atout majeur est son goût très sucré et son aspect joliment brillant. S’il n’y a qu’une fructification limitée dans le temps, elle a le mérite de se produire après les fraises, les groseilles et les premières framboises et avant les mûres et les framboises remontantes. La plante est esthétique en toute saison, la rendant idéale pour ceux qui veulent combiner les plaisirs de la bouche et des yeux.

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