Les petits lampions festifs des Pieris
En terre acide, on se rue tout naturellement sur les rhododendrons et les azalées. En dehors de leur mois de floraison, qui peut être spectaculaire, ils n’offrent pas grand intérêt. Il y a cependant un parent pauvre dans la grande famille des éricacées dont ils font partie, qui peut compléter le tableau: c’est le Pieris. En français on l’appelle communément andromède du Japon mais cela prête à confusion car les andromèdes appartiennent à un autre genre d’éricacées, généralement nains.
La plupart des Pieris qu’on vous proposera appartiennent à l’espèce japonica, originaire du Japon mais aussi de Chine. Arbustes persistants à feuilles simples, ils peuvent être nains ou atteindre jusqu’à 4-5 mètres de haut dans les climats humides en permanence comme en Ecosse. Ils se plaisent en terre de bruyère et à mi-ombre. Le port naturel est relativement équilibré et ne nécessite aucune taille. On voit ici le très beau cultivar Pieris japonica ‘Valley Rose’, planté en sous-bois.
On peut se demander ce que les insectes peuvent trouver dans ces clochettes bien closes, formées de pétales soudées. Pourtant, ces premiers gros bourdons du printemps y trouvent leur compte et portent du pollen de fleur en fleur.
Le rouge est plus rare mais remarquable chez ‘Katsura’. En plus de cette floraison, les jeunes pousses luisantes de ce cultivar rouge sont d’une couleur bordeaux exceptionnelle. On dirait les pousses d’un Photinia.
Le Pieris a effectivement un deuxième moment de gloire après la floraison, quand le jeune feuillage se développe à l’extrémité des rameaux. Les couleurs peuvent être éclatantes, rose, orange, rouge ou bronze. Elles évoluent avec le développement des feuilles. Le bien nommé ‘Forest Flame’, est un classique et le plus flamboyant de tous. De plus, dans un environnement propice, il peut atteindre 4 ou 5 mètres de haut. ‘Flaming Silver’ est panaché de blanc mais les jeunes pousses sont roses. ‘Little Frosty’ est d’une grande délicatesse, bordé de blanc rosé.
Seule ombre au tableau, les Pieris sont sujets à quelques maladies et parasites. Le mauvaises conditions de culture, trop de calcaire ou un terrain saturé d’eau peuvent provoquer la chlorose (feuilles jaunes) ou des champignons.
Les feuilles peuvent malheureusement être parasitées par des insectes piqueurs-suceurs qui font de minuscules trous dans le limbe pour en aspirer le liquide. Le plus fréquent est appelé tigre asiatique du Pieris, une sorte de punaise noire de 4mm détectée pour la première fois en France en 2003. Ses ravages provoquent le jaunissement des feuilles et entraînement parfois la formation de fumagine noire à leur surface. On l’identifie au revers des feuilles des plantes affectées. Certains ont même renoncé complètement à la culture de ces arbustes à cause de ce parasite.
La toile est remplie de conseils pour le traitement de ces problèmes, souvent par des insecticides. Leur utilisation n’est pas recommandable. Nous avons d’abord importé la plante exotique, puis son parasite exotique. Je constate qu’avec le temps un équilibre s’installe et que mes Pieris sont aujourd’hui à peine affectés. La nature a eu raison de l’intrus…