Les belles bruyères d’hiver

Dans notre imaginaire, la bruyère évoque les landes désolées, la pluie, les terres pauvres et acides, en d’autres termes l’Ecosse. La bruyère qui y fleurit est la callune, Calluna vulgaris, en fleur de juillet à septembre; c’est une bruyère d’été. Ce qui va nous intéresser ici, ce sont les bruyères d’hiver, qui prennent le relais de septembre à avril selon les espèces, bien plus intéressantes pour nos jardins.

Certaines pépinières offrent un choix considérable de bruyères avec des variations de couleurs de fleurs et de feuillages. La plupart des sélections sont des callunes, et donc des bruyères d’été. Certaines seront cependant encore bien en fleur en septembre.

La plupart des bruyères d’hiver appartiennent non pas au genre Calluna mais au genre Erica, un joli prénom par ailleurs. Erica carnea, qui nous intéresse particulièrement, provient des zones montagneuses de l’Europe centrale et méridionale, où elle se plaît sur des pentes rocailleuses et dans les forêts de conifères. Tout aussi résistante au froid que la callune, elle apprécie au davantage un sol bien drainé que le marécage écossais et ne nécessite pas nécessairement un sol acide.

On la reconnaît à ses feuilles toutes fines, quasiment comme des aiguilles et à ses rameaux souples. Il existe plus de 100 cultivars d’Erica carnea et le choix est donc assez vaste. Lisez bien l’étiquette pour connaître la période de floraison. Sur la première image, Erica carnea ‘December Red’, est encore en bouton en septembre, mais déjà très décoratif. A la chute des feuilles il devient flamboyant.

Erica carnea a été croisé avec Erica erigena pour produire un excellent hybride horticole: Erica x darleyensis. Ce sous-arbrisseau peut atteindre 60 cm de haut alors que les autres bruyères plafonnent à 40 cm. De plus, la période de floraison est vraiment hivernale, de décembre à avril-mai, de sorte qu’on peut le voir poindre sous la neige: un spectacle réjouissant.

‘Darley Dale’, rose, ‘White Perfection’ et ‘Kramer’s Rote’, que l’on voit ici, sont cultivars les plus fréquemment proposés et des valeurs sûres.

Plantes coriaces, vos bruyères nécessitent peu d’entretien. Installez-les en bordure de parterres, devant des conifères ou des rhododendrons par exemple. Elles sont magnifiques au pied de bouleaux dont on apprécie les écorces en hiver et contrastent joliment avec le jaune paille des graminées dans un jardin de graviers. Peu encombrantes, peu exigeantes et faciles à discipliner, elles conviennent parfaitement aux jardins à front de rue.

Plantez-les avec du bon terreau et éventuellement un peu de terre de bruyère et assurez-leur un bon paillage d’écorces ou de feuilles. Le premier été de la plantation il faudra veiller à ce que les plantes ne se dessèchent pas. Elles auront peu d’exigences par la suite. Maintenez une forme compacte en effectuant une taille légère après la floraison mais surtout pas en fin d’été. Une taille radicale nuit à leur charme naturel. (J’en vois parfois taillés au carré, comme une haie: affligeant!).

De par leur longue floraison, les bruyères d’hiver sont idéales pour des bacs de balcons ou d’appuis de fenêtre en compagnie d’autres petites plantes d’hiver, des petits Skimmia par exemple.

J’aime particulièrement utiliser des brindilles de bruyère comme base de petits bouquets d’hiver. Dans le premier vase, datant de décembre, la bruyère d’hiver est simplement mélangée aux feuilles argentées de la cinéraire maritime. Dans le deuxième, assemblé fin janvier, elle met en valeur les floraisons hivernales de Viburnum bodnantense (bien parfumé) et de Prunus subhirtella. Un bouquet sans prétention est toujours à portée de main…

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