Dernières provisions pour l’hiver

En octobre et jusqu’à mi- novembre, on peut encore avoir de belles journées d’arrière-saison où les abeilles s’aventureront hors de la ruche pour faire leurs dernières provisions. Il est important d’avoir quelque chose à leur offrir et on vous serez récompensés par le plaisir d’avoir un jardin fleuri en fin de saison.

Parmi les plantes dites ‘mellifères’ (un terme trompeur car le miel ne se trouve pas dans les fleurs mais est fabriqué dans la ruche), certaines sont plus utiles pour leur nectar, d’autres pour leur pollen et certaines offrent les deux. Vous trouverez sur Internet une liste complète des plantes mellifères avec leur valeur et leur période de floraison publiée par la Fédération Wallonne Horticole.

Rien n’est plus attrayant pour un insecte que la jolie touffe d’étamines jaunes au coeur d’une fleur d’aster. C’est d’ailleurs surtout pour le pollen que les asters sont intéressants avec une cote de 4 sur une échelle de 5. Le nectar est présent aussi avec une cote de 2/5. Le choix des asters est vaste, dans les tons allant du blanc au violet en passant par les roses. Il y a des cultivars qui restent petits et bien compacts, et d’autres qui peuvent atteindre 1,50 m de haut et sont magnifiques dans les grands parterres mais nécessitent un peu de support. Les variétés anciennes souffraient parfois de l’oïdium mais la plupart des nouveaux cultivars sont résistants. Pour faire un choix je recommande de consulter sur plantesvivaces.be le catalogue de la pépinière de Jan Spruyt; il propose plus de 100 asters différents, tous illustrés.

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Les anemones du Japon, Anemone hupehensis, sont des valeurs sûres des parterres d’automne, de culture très facile. Si les conditions leurs plaisent elles ont tendance à se répandre partout, contribuant un effet naturel aux plantations. Divers cultivars sont bien connus, comme le blanc ‘Honorine Jobert’ ou le rose ‘September Charm’. Cette abeille a choisi ‘Bowles Pink’. La plupart des variétés sont simples mais il y en a des semi-doubles également.

La longue langue des abeilles leur permet d’aller trouver le nectar au fond de la gorge des sauges. Ici une fleur ploie sous le poids d’un gros bourdon. Les sauges Salvia x jamensis (syn. microphylla) et Salvia gregii fleurissent de juin à novembre. Ces espèces sont originaires du sud des Etats-Unis et du Mexique mais supportent malgré tout le climat belge, à condition d’être plantés en sol drainant et au soleil. Ils repartent du pied au printemps et se bouturent très facilement. J’affectionne particulièrement la sélection violet sombre(à dr.) appellée ‘Nachtvlinder’, papillon de nuit.

Le géranium ‘Rozanne’, un grand classique, en est à sa deuxième floraison.

Une abeille solitaire bien velue exploite une fleur de Knautia arvensis, ou scabieuse des champs, une vivace indigène charmante.

La floraison tardive des Hylotelephium spectabile a une valeur de 3/5 pour le pollen et 4/5 pour le nectar: une ressource précieuse. Pour notre malheur elle a récemment changé de nom; Sedum spectabile était quand même plus simple…

Les dernières fleurs de Ajuga reptans, un excellent couvre-sol, sont visitées activement.

Même les dahlias sont une ressource appréciée, à condition d’avoir des variétés à fleurs simples ou semi-doubles dans sa collection.

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Le vrai régal des abeilles, ici une petite abeille solitaire, c’est la phacélie. Elle score 5/5 pour le nectar, même si elle n’a que 1/5 pour le pollen. Ayez toujours des semences de phacélie sous la main pour le potager. Dès qu’un espace aura été récolté vous pouvez y semer la phacélie, même en plein été. Elle couvrira vite le sol par son feuillage vert clair et découpé, empêchant la concurrence des adventices. Après l’hiver elle pourra être intégrée au sol comme engrais vert.

La folie dans le Caryopteris! Une petite vidéo qui bourdonne à fond. Cet excellent petit arbuste asiatique semble tout faire avec deux mois de retard. Il met tant de temps à débourrer au printemps qu’on le donnerait pour mort. Les fleurs elles aussi éclosent très tardivement, mais peuvent durer jusqu’aux gelées. Tous ceux qui aiment le bleu seront ravis d’introduire des Caryopteris dans leurs parterres pour prendre le relais des lavandes. Ils aiment eux aussi le soleil et les sols drainants. La variété type a un feuillage gris, typique des amateurs de soleil. Plusieurs cultivars ont été créés couvrant la gamme des bleus du plus clair au plus soutenu: ‘Blue Mist’, ‘Heavenly Blue’ et ‘Dark Knight’ par exemple. Le seul défaut est que le port de la plante est parfois désordonné, ce qu’une taille appropriée peut corriger. En revanche, la sélection américaine ‘Good as Gold’, qui vous voyez ici, a un port bien compact et un très beau feuillage doré. La combinaison du bleu et du jaune est peu courante, et ne fait pas l’unanimité d’ailleurs.

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Quelques fleurs dans un jardin sont utiles, mais un arbre couvert de fleurs c’est évidemment bien mieux pour les butineuses. Quel grand arbre fleurit aussi tard ? Cela vous surprendra peut-être, mais la source la plus abondante de pollen et de nectar à l’automne, c’est le lierre! Il est coté 4 pour le pollen et 4 pour le nectar, ce qui est exceptionnel.

Le lierre a deux stades, un stade juvénile où il ne produit que des feuilles sur de longs rameaux, et un stade arborescent où, après s’être élevé vers la lumière sur un support, il commence à se ramifier et à produire des fleurs suivies de baies noires. Beaucoup craignent de laisser le lierre escalader les troncs mais cette liane qui pousse le long du tronc sans l’étrangler ne fait en principe aucun tort à l’arbre. Au contraire, il le protégerait du soleil et les feuilles qui se renouvellent après quelques années fourniraient de l’humus et des minéraux à l’hôte.

Un lierre bien développé constitue un habitat très riche pour les insectes (ici ce sont des guêpes) et les oiseaux qui apprécient les baies et y font volontiers leur nid. N’hésitez donc pas à laisser un lierre partir à l’assaut d’un gros arbre; vous apprécierez cette belle colonne verte au milieu de l’hiver. Si vous n’avez pas cette possibilité, il existe un lierre qui n’a que la forme adulte et forme une boule ordonnée: Hedera helix ‘Arborescens’. La forme poetarum a de jolies baies dorées au lieu de noires. Encore une excellente alternative au sempiternel buis dans un pot!

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