Les belles du bord de route

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Je ne peux pas laisser passer juin et son abondance sans proposer quelques bouquets. Tout le monde n’a pas la possibilité de cueillir comme moi de copieuses brassées de pivoines et de roses, de grosses poignées parfumées de pois-de-senteur. C’est pour cette raison que je me suis dit que je m’éloignerais du luxe de mon jardin et irais faire un tour au bord des routes de la campagne environnante, où les belles s’offrent au tout venant. Une occasion de mieux connaître et apprécier ce qui y pousse spontanément.

Heureusement pour nous, le fauchage tardif est entré dans les moeurs de la gestion communale. Nous pouvons à nouveau jouir de parcelles fleuries. Si les désherbants ont chassé les fleurs des cultures, elles apparaissent malgré tout dans l’étroite bande qui leur est laissée entre le bord du champ et le macadam. Elles sont coriaces!

Après une première cueillette, je me suis rendue à l’atelier, rue Haute à Bruxelles, de la jeune artiste Philippine d’Otreppe. Ses céramiques et ses tableaux inspirés de la campagne me paraissaient le décor parfait pour quelques bouquets champêtres. Philippine aime en effet peindre en extérieur, rendant avec fraîcheur et charme ce qui l’entoure. (Le confinement à la campagne lui a été propice… ) Elle est également une excellente illustratrice qui croque avec beaucoup d’humour le quartier des Marolles au coeur duquel elle a installé son atelier. www.philippinedotreppe.com @philippinedotreppe

Ce charmant petit vase était tout indiqué pour présenter la marguerite, motif qui se retrouve également dans le tableau. La marguerite des champs est une vivace qui apparaît spontanément sur les sols pauvres, ensoleillés et bien drainés. Vous constaterez qu’elle a tiré profit de notre ‘civilisation’ en colonisant abondamment les talus d’autoroute, qui réunissent toutes ces conditions. Quand le terrain lui plaît, elle devient envahissante, pour notre plus grand bonheur. On peut la semer ou implanter de jeunes plantes qui fleuriront la deuxième année.

En latin, la marguerite des champs c’est Leucanthemum vulgare, du grec leucos, blanc et anthemon, la fleur: un nom sans mystère. Toute vulgare qu’elle est, la marguerite des champs est à mon sens beaucoup plus gracieuse que toutes les variétés horticoles auxquelles elle a donné naissance.

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Ce deuxième bouquet, toujours dans une céramique de Philippine, met en scène l’achillée millefeuille, accompagnée de quelques graminées sauvages pour atténuer son aspect un peu raide. La composition sera de longue durée, pouvant même sécher dans le vase. Le coquelicot, hélàs, ne tient absolument pas dans les bouquets est n’est là que pour rappeler le motif du vase. Cette vivace très répandue aime les mêmes conditions que la marguerite et s’étend grâce à des rhizomes. Elle est généralement blanche mais on en trouve également des roses dans la nature. Toute une gamme de couleurs subtiles a été développée dans les cultivars horticoles.

Le nom de millefeuille, millefolium, vient de ses feuilles très découpées. Le nom générique Achillea se réfère au fameux Achille. Le héros grec se serait servi de la plante, connue en médecine traditionnelle depuis des millénaires, pour panser ses blessures et celle de ses guerriers blessés lors de la guerre de Troie.

La fausse camomille, Anthemis arvensis,  est une autre asteraceae, par sa taille à mi-chemin entre la pâquerette et la marguerite. Vous la rencontrerez certainement car elle colonise abondamment les champs incultes et les friches (arvensis veut dire ‘des champs’ en latin). J’ai photographié ce champ merveilleux à côté de chez moi. Deux heures plus tard un immense tracteur réduisait le tout en poussière avant d’épandre un immonde lisier, me forçant à passer le reste de l’après midi à l’intérieur pour échapper à la puanteur. Heureusement, cette camomille est annuelle et aime les sols riches en azote. Elle survivra aux ravages du fermier… En vase, elle est de très bonne tenue.

La fausse camomille, Anthemis arvensis, est une autre asteraceae, par sa taille à mi-chemin entre la pâquerette et la marguerite. Vous la rencontrerez certainement car elle colonise abondamment les champs incultes et les friches (arvensis veut dire ‘des champs’ en latin). J’ai photographié ce champ merveilleux à côté de chez moi. Deux heures plus tard un immense tracteur réduisait le tout en poussière avant d’épandre un immonde lisier, me forçant à passer le reste de l’après midi à l’intérieur pour échapper à la puanteur. Heureusement, cette camomille est annuelle et aime les sols riches en azote. Elle survivra aux ravages du fermier… En vase, elle est de très bonne tenue.

Dans les bas-côtés des routes plus humides, notamment celles bordées de fossés, on trouvera presque toujours la consoude officinale, aux fleurs blanches, roses ou violettes. Symphytum officinale faisait partie de l’officine de pharmacie, comme son nom l’indique, principalement pour ses vertus cicatrisantes. Cette plante un peu rèche me paraît malgré tout intéressante pour des compositions très rustiques. C’est une soiffarde. Après l’avoir cueillie, elle peut donner l’impression de flancher un peu, mais après l’avoir bien trempée dans une seau d’eau, elle se reprend et peut alors tenir une semaine entière en vase.

Une belle compagne des terrains plus humides est la silène rose, appelée communément compagnon rouge et scientifiquement Silene dioica. Le nom de Silene est un des noms amusants de la nomenclature botanique, inspiré par les calices enflés caractéristiques de l’espèce. Silene était le précepteur de Dionysos, dieu du vin. Il est généralement représenté comme un vieillard laid et ivre, au ventre bedonnant. Les botanistes du 18ème siècle, impregnés de culture classique, adoraient ce genre d’association. Toujours est-il que cette charmante plante sauvage, qui peut atteindre près d’un mètre de haut, fait une excellente fleur à couper d’un beau rose vif, moins courant dans les fleurs sauvages.

Rampant par dessus les autres plantes, s’enfilant parmi les graminées, vous rencontrerez les belles touffes violacées des vesces, Vicia cracca. Cette jolie petite grimpante est de la famille des pois, ce qui se voit clairement quand les gousses apparaissent, et s’enroule elle aussi avec des vrilles. Elle est utilisée comme plante fourragère et pour améliorer les sols. Les vesces apparaissent souvent comme ‘mauvaises herbes’ dans les parterres. Il faut envisager de leur laisser une certaine latitude et si elles vous dérangent vraiment, les couper plutôt que de les arracher puisqu’elles enrichissent le sol. Bien que ses tiges soient délicates et flexibles, je trouve que la vesce peut être très gracieuse en vase où elle est d’excellente tenue. Les tiges sont si fines qu’on peut en enfiler plusieurs dans le goulot étroit d’une carafe ou d’une jolie bouteille pour une composition moins rustique. Une bonne alternative aux pois-de-senteur.

En y regardant de plus près, les routes de campagne cachent des trésors qui peuvent fleurir nos maisons avec simplicité. Je me limite à ce premier éventail avec la promesse de revenir l’été prochain avec une nouvelle cueillette.

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