Sous la couette pour l’hiver

Nous sommes fin novembre et tout, ou presque, est désormais fané dans les parterres. Nous voilà confrontés à un dilemme: propreté ou biodiversité?

Quelques arguments plaident en faveur de laisser ces restes de floraison en place jusqu’au printemps: les insectes y trouvent refuge, les oiseaux y picorent une dernière semence, les tiges sèches protègent les bases des vivaces du gel et empêchent la terre de subir un compactage par la pluie et la neige. Des scènes de givre et de toiles d’araignées captant peuvent avoir leur attrait en hiver.

Le nettoyage procure d’autres satisfactions: ordre et propreté font la fierté du jardinier! Retirer la biomasse (parfois importante) de la saison précédente permet d’alimenter le compost. En retrouvant les bases de ses vivaces on peut identifier des ‘trous’, diviser certaines plantes, en déplacer ou en ajouter. Les indésirables s’arrachent aisément dans le sol humide. Un grand avantage est que l’on prendra une avance sur le printemps, une saison où le jardinier est toujours débordé. Encore faut-il trouver des journées pas trop froides et désagréables pour travailler.

J’essaie en conséquence de ménager la chèvre et le chou: je nettoie mais je pense aux hôtes du jardin et du sol dans la mesure du possible. Et ce qui n’est pas fait pour cause de mauvais temps attendra le printemps! Pensons aussi à nos rhumatismes!

Les asters, armoises, phlox, échinacées, anémones du Japon et autres vivaces qui ont fait la gloire de l’automne s’écrasent sous le poids des pluies. Le moment est venu de les recouper à la base. Les nouvelles rosaces de certaines vivaces apparaissent déjà bien développées en dessous et profitent de l’air et de la lumière que le nettoyage leur procure. C’est le cas ici des plantes de Knautia macedonica et de cardons, qui vont déployer leur beau feuillage argenté en plein hiver.

Un geste facile pour favoriser malgré tout l’hivernage des insectes est de veiller à leur laisser des tiges creuses comme refuge, tant sur la plante qu’au sol. Pour la touffe de phlox ci-dessus par exemple, je coupe une première fois à la cisaille à 50 cm de haut, puis rabats de 20 cm supplémentaires, laissant les chutes sur le sol. Un certain nombre de vivaces, dont les silhouettes sont particulièrement attrayantes l’hiver, sont épargnées dans ces opérations de nettoyage. Ici, ce sont les fleurs verticillées caractéristiques des Phlomis. La plupart des ombellifères méritent aussi de rester en place jusqu’en mars pour capter joliment le givre et se parer de toiles d’araignées perlées de bruine.

Le lierre terrestre et les boutons d’or font partie des indésirables à éliminer car ils continuent à s’étendre quelle que soit la saison. Le chiendent s’extirpe sans trop de mal si le sol est meuble. En revanche l’Égopode est quasi impossible à éliminer mais peut être contrôlé.

Arrachez sans pitié les semis d’arbres nés spontanément entre les plantes; à cette saison vous en viendrez à bout aisément. Un an plus tard, il vous faudra un bêche pour les extirper! Je pense surtout aux érables et aux charmes dont les graines volent comme des hélicoptères et atterrissent dans tout le jardin. Divisez les vivaces qui se développent fortement comme les asters. La floraison en bénéficiera et vous augmenterez votre stock pour remplir des trous ou faire des cadeaux. Déplacez les plantes qui se sont ressemées et installées où bon leur semble, comme ici une belle petite plante de Lychnis coronaria, très vagabonde.

Au fur et à mesure du déblayage, je retrouve les emplacements marqués pour la plantation de tulipes supplémentaires. Contrairement aux narcisses et à d’autres bulbes, les tulipes peuvent se planter relativement tard.

Dès leur floraison en avril mai, je marque les emplacements qui pourraient en accueillir de nouvelles en y enfonçant solidement un petit piquet de bambou que je retrouve en automne. Cela fait quelques années que je suis passée à cette méthode, consistant à marquer les endroits où planter plutôt que les endroits où se trouvent déjà les bulbes. A mon sens c’est nettement plus facile. Si je prends le temps de compter les piquets utilisés pour savoir combien de bulbes commander à l’automne, c’est encore mieux!

Après avoir enlevé toute cette végétation flétrie et abîmée, il faut ajouter de quoi protéger et nourrir le sol. L’idéal est d’utiliser les feuilles ramassées l’année dernière et qui auront eu un an pour se décomposer partiellement. Une couche épaisse de terreau de feuilles répartie entre les plantes va nourrir les bactéries du sol, maintenir sa température et empêcher une lessivage et un compactage par la pluie et la neige. Une couche de carton ou de journaux peut être étendu sous les feuilles si les plantes sont espacées pour éviter l’apparition d’adventices. Les dernières tontes de l’année, comportant généralement une bonne part de feuilles mortes hachées, peuvent convenir également. Le broyat convient mieux pour des arbustes que pour des parterres de vivaces.

Ce travail fait, vos parterres seront bien au chaud sous la couette et vous pouvez vous octroyer vous mêmes un mois ou deux de repos! Bien que… le travail du jardinier ne connaît pas de fin.

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