Daphné, fleuriste écoresponsable

Le sentiment de responsabilité écologique s’infiltre peu à peu dans tous les domaines; que ce soit la mobilité, les voyages, la mode, le logement, la nourriture. Les jeunes s’indignent de la pollution et des dommages causés par les excès. Ils mettent en place des solutions alternatives et radicales. Même comme fleuriste on peut agir. C’est ce qu’a fait la jeune Daphné Marceau dans son magasin bruxellois.

Franco-belge, Daphné commence par faire du théâtre mais doit recourir à des petits boulots d’appoint, ne pouvant vivre de la scène. Un bilan de compétences lui révèle des aptitudes pour la scénographie et la fleuristerie. Il apparaît que dans ce dernier métier les perspectives d’emploi sont favorables et les possibilités créatives nombreuses. Daphné a peut-être un prénom predestiné. La voilà propulsée dans les fleurs.

La France est bien organisée en matière de reconversion professionnelle. Sur base d’un bon dossier, la jeune fille obtient une formation d’un mois à l’Ecole des Fleuristes de Paris, financée à 100 % par l’état, fleurs, tablier et sécateur compris. Les ateliers très pratiques lui permettent de découvrir tous les styles. “Quand j’ai commencé à toucher les fleurs, je n’ai plus pu m’arrêter. On a une liberté absolue et on voit directement le résultat de son travail.” Très vite elle trouve des stages, dont un à l’hôtel Meurice, puis dans la boutique Bleuet Coquelicot à Paris. C’est la qu’elle rencontre les fleurs cultivées avec respect.

Elle découvre surtout que le marché des fleurs est opaque et sale. La perspective de travailler dans une arrière boutique glacée et humide à éplucher des feuilles de roses pleins de pesticides ne l’enchante pas. Daphné décide de faire le métier différemment, d’avoir un impact positif et d’apporter quelque chose de joyeux dans la vie des gens. C’est avec ce projet que de fil en aiguille elle arrive en Belgique et ouvre un magasin de fleurs dans la ravissante vieille boutique d’un chapelier, dans le quartier des Marolles, au coeur du vieux Bruxelles. VERSUS est né.

Le principe premier est de ne travailler qu’avec des fleurs non-traitées, provenant de cultivateurs écologiques et locaux. Daphné passe ses commandes et des fleurs fraîches lui sont livrées en camionnette, provenant d’un rayon maximum de 30 km autour de Bruxelles. Ces producteurs ne commençant qu’en mars, il faut commander des fleurs labellisées qui viennent d’Italie pour le coeur de l’hiver. Aucun conservant n’est utilisé. Même les mousses florales (synthétiques et non biodégradables) sont dédaignées au profit du treillage de poules utilisé autrefois. Pas un plastique ici, pas même une feuille de cellophane.

L’accent est mis sur les fleurs séchées, durables par définition. Une fleur fraîche invendue est aussitôt recyclée. Dans tous les recoins du magasin, du plancher au plafond, s’accumule du matériel sec que Daphné arrangera peu à peu dans des compositions de charme. Ses mélanges sont subtils, les tons délicats. Tout est délicieusement féminin.

Ces immortelles, statices et herbes variées entrent aussi dans la réalisation de véritables bijoux fleuris: broches, bouquets de mariées, couronnes d’enfants, déguisements…

Daphné propose d’ailleurs différents ateliers pour adultes à la boutique, dont les parures végétales, les bouquets frais ou les couronnes de Noël.

La boutique regorge de petits trésors dans la plus pure veine de l’économie circulaire. Chaque vase, chiné dans une ou l’autre brocante, est une pièce unique et originale. Un choix de vieilles cartes postales aux motifs fleuris et désuets permettent d’ajouter un billet doux à son bouquet. Des rouleaux de restes de papiers peints servent aux emballages cadeau. Les rares produits neufs, comme les bougies de Maison Pechavy, sont au-dessus de tout soupçon sur le plan écologique.

Et pour la Saint-Valentin? Non, il n’y aura pas de roses! Rien ne pourrait venir d’une serre au bout du monde ou chauffée à prix d’or. Ce sera donc un joli brin de mimosa, cultivé en plein air dans le midi, ou pourquoi pas une des charmantes petites compositions sèches de Daphné. Une preuve d’amour qui aura le mérite de ne pas se faner…

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