Petits et piquants

La canicule sévit et la nature en souffre affreusement. C’est peut-être le moment d’explorer les végétaux qui se sont adaptées à ces conditions extrêmes, en particulier les cactus. On les qualifie d’ailleurs de xérophiles, un mot venu des mots grecs xeros (sec) et philos (ami).

Entrer dans le vaste monde des cactées, c’est entrer dans un monde infiniment divers, bizarre, voire même monstrueux. C’est un monde addictif et captivant: on se jure qu’on n’achètera jamais un cactus et on finit avec une collection… Rendez-vous chez un spécialiste, ne fût-ce que pour la beauté du spectacle. La plupart des photos de cet article ont été prises à la pépinière Cactus de Antonio Scarascia dans les Pouilles. Ce spécialiste et grand passionné propage lui-même et expédie ses produits à travers l’Europe.

Un des grands attraits des cactus est justement qu’ils sont pour la plupart très faciles à multiplier, ce qui les rend très bon marché, du moins quand ils sont petits. Pour 2 à 10 euros vous trouverez toute une gamme passionnante. En revanche, comme ces habitants du désert poussent désespérément lentement, un grand exemplaire des ‘coussins de belle-mère’ par exemple, est un investissement non négligeable. Je limite donc au sujet des bébés cactus à trois sous…

La première manière de reproduire les cactus est le semis.

Voici par exemple un semis d’Astrophytum asterias, un genre qui provient du Mexique et du Texas et qu’on appelle cactus étoilé (du grec astron, étoile et phyton, plante). La plante forme une petite boules à côtes, marquée de verrues blanches et ressemblant furieusement à un oursin. Elle a l’avantage majeur de ne pas porter d’épines, or pour la plupart des gens, cactus est justement synonyme d’épines. La croissance est très lente mais ce cactus produira une belle fleur (les fleurs de cactus sont un sujet à part entière). Ce sont donc des candidats très sympathiques pour la culture en intérieur.

On peut apprécier ici la merveilleuse diversité issue d’un seul semis.

La manière la plus simple de multiplier les cactus, et qui est vraiment à la portée de tous à condition de les munir de bon gants, c’est la bouture. La méthode convient particulièrement pour les espèces qui forment des ‘familles’ et les espèces à raquettes. Il suffit de détacher un rejeton ou une raquette à la base. Même si c’est contre-intuitif, laissez la bouture sécher pendant au moins 3 jours, pour que la plaie cicatrise. Il suffira alors de la planter pour qu’elle s’enracine. Attention toutefois au choix du substrat. Les cactées nécessitent un terreau spécifique, drainant et riche malgré tout, contenant des petits graviers. Un terreau universel se gorge d’eau et entraîne bientôt la pourriture.

Cette faculté permet non seulement de multiplier ses propres sujets, mais surtout de produire des rejetons à offrir ou à échanger.

Pour les cactus plus rares, on procède par greffe. Un petit bout suffit pour faire partir une nouvelle plante. Antonio en fait ici la démonstration (à mains nues!). L’espèce utilisée comme pied de greffe est un cactus mexicain très courant dénommé Myrtillocactus geometrizans. A-t-il un rapport avec les myrtilles? Absolument, ce cactus produit un petit fruit bleu et comestible qui offre une certaine ressemblance avec la baie! L’espèce est vigoureuse et de croissance rapide; elle peut atteindre 3m et se ramifie en vieillissant.

Un petit morceau d’une espèce plus rare est préparée et attachée avec des élastiques au pied de greffe. Puis, miracle, les deux éléments se soudent et croissent ensemble. La voie est ouverte aux bizarreries!

Il ne reste plus qu’à commencer une collection. Elle peut être thématique ou éclectique.

Les cactus laineux et soyeux sont par exemple assez sympathiques et très décoratifs. Ils appartiennent à différents genres et espèces dont je ne citerai que deux.

Les Mammillaria ont une forme généralement globuleuse, comme leur nom l’indique (du latin mamilla, mamelle). Ces cactus coussins sont sans doutes les plus populaires et les plus faciles à cultiver. Ils peuvent pousser en solitaire ou former une famille de petits rejets. Une couronne de petites fleurs apparaît autour de l’aréole. Originaires du Mexique et d’Amérique centrale, ils atteignent 40 cm de haut au maximum. Certaines espèces développent de belles soies en plus des aiguillons.

Les colonnes appartiennent au genre Espostoa (nommés pour un monsieur Esposto). Leurs poils peuvent être blancs ou orangés. Ils se plaisent en pleine terre dans leur Pérou natal où ils atteignent 1.5 m de haut.

Il ne reste plus qu’à exposer vos mini cactus. Ici, il n’y a pas de limite à la fantaisie, même des cactus dans des vases cactus!

La présence d’aiguillons vous fait peut-être croire que ces plantes ne sont pas pour les enfants. Au contraire, avec leurs petits doigts agiles et leur goût du danger ils adoreront en faire collection. Ils pourront les échanger avec leurs amis et choisir de jolis petits contenants. Cette activité aiguisera leur sens de l'observation et leur fera découvrir la magie de la diversité végétale.

En bonus, ces petits trésors ne vous ruineront pas. Les petits cactus demandent bien peu de soins et supportent quelque négligence: nul besoin de rappeler aux petits distraits de sortir l’arrosoir!

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