Les américaines n’ont pas d’épines

Cultivez les mûres américaines pour une abondance de fruits sans égratignures.

Vous avez peut-être des souvenirs d’enfance d’aller à la cueillette des mûres le long des haies (quand il y en avait encore) et en bordure des bois. Il fallait s’armer de bottes, de gants et de manches longues pour ne pas revenir couvert d’égratignu…

Vous avez peut-être des souvenirs d’enfance d’aller à la cueillette des mûres le long des haies (quand il y en avait encore) et en bordure des bois. Il fallait s’armer de bottes, de gants et de manches longues pour ne pas revenir couvert d’égratignures. Un canne permettait d’accéder aux grappes les plus hautes ou éloignées, les meilleurs fruits étant toujours juste hors de portée.

Les américains ont résolu le problème en développant des variétés sans épines à partir de leur espèce sauvage, le dewberry. Aujourd’hui il y en a de nombreux cultivars, produisant de gros fruits juteux et sucrés.

Si la ronce de jardin est une plante très vigoureuse , elle ne manque pas de qualités esthétiques. Vous pouvez la cultiver au potager mais aussi sur n’importe quelle clôture ou palissade et même contre un mur de bâtiment. Evitez de la planter au-dessus d’une terrasse que les fruits pourraient entacher. La fleur, généralement blanche, mais parfois rose, est tout à fait charmante; n’oublions pas que Rubus fruticosus est un cousin de la rose, faisant partie de la grande famille des rosacées. Le feuillage peut prendre de belles teintes à l’automne et ce n’est qu’en hiver que la plante manquera d’attrait.

Les fleurs sont activement butinées par les abeilles et le miel de ronce est d’ailleurs apprécié pour ses qualités énergisantes et comme remède contre la toux.

Le mûrier se plante à l’automne, et est peu exigeant en termes de sol. Ajoutez du compost et mulchez bien le pied avec des feuilles, de la paille ou des copeaux pour recréer l’ambiance forestière qui correspond à son habitat naturel. Pour que les fr…

Le mûrier se plante à l’automne, et est peu exigeant en termes de sol. Ajoutez du compost et mulchez bien le pied avec des feuilles, de la paille ou des copeaux pour recréer l’ambiance forestière qui correspond à son habitat naturel. Pour que les fruits mûrissent le soleil est nécessaire mais pas toute la journée; il n’est donc pas indispensable de lui réserver une place de choix sur un mur sud ou ouest. Dans mon potager, les plants sont installés plein est. Prévoyez 3 mètres entre les plants et un développement de 2 m de haut au moins.

La chose la plus importante à savoir est que la plante suit un rythme bisannuel: elle fructifie sur les cannes de l’année précédente. Dès lors, ne vous attendez pas à une récolte l’année de plantation; ce sont les tiges vertes qui partiront du pied qui produiront les fruits la seconde année. Il est dès lors capital de ne pas rabattre ces tiges, même vigoureuses ou désordonnées, sous peine de compromettre la récolte!

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Au début de l’hiver, après la fin de la récolte, on recoupera au niveau du sol toutes les tiges ayant produit des fruits. Les nouvelles cannes peuvent être étêtées, les ramification latérales ramenées à 2 ou 3 “yeux” (points d’où partiront les bourgeons) et palissées en les plaçant à l’horizontale dans la mesure du possible. Pour une culture plus ordonnée on recommande de plier toutes les tiges de l’année du même côté, de façon à avoir les nouvelles tiges à droite et les vieilles à gauche par exemple. Dans la pratique, je constate que mes cannes, qui peuvent faire jusqu’à 4m de long et plusieurs cm d’épaisseur, ne se laissent pas contrôler aussi facilement!

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Reste à choisir vos variétés.

L’élément-clé est la période de fructification, qui peut aller de mi-juillet pour les plus précoces, comme ‘Black Satin’, ‘Jumbo’, et ‘Loch Ness’ à mi-août pour ‘Thornfree’. ‘Triple Crown’ et ‘Navajo’ produiront plutôt vers le mois de septembre. Aujourd’hui la recherche va dans le sens d’arbustes plus compacts ou produisant sur des tiges verticales comme des framboisiers. A essayer…

Les mûres s’échelonnent sur une période d’un mois environ. Elles doivent être récoltées bien mûres, quand les fruits se détachent facilement du pédoncule, sinon vous risquez de les trouver acidulées. Comme tous les fruits noirs, elles contiennent des anthocyanes (du grec anthos, la fleur kuanos, bleu sombre) qui sont antioxydants. De plus, une bonne dose de vitamines A, B et C en font un fruit excellent pour la santé. On peut bien sûr les consommer crues, ou les surgeler fraîches pour les utiliser ultérieurement dans des salades de fruits ou un délicieux crumble aux mûres et aux pommes. Des coulis pourront entrer dans des sorbets ou aromatiser des boissons.

Petite note culinaire pour terminer: la recette de la gelée de mûres

  • Faites éclater les fruits en les cuisant quelques minutes dans une casserole en ajoutant un demi-verre d’eau. Ecrasez-les grossièrement.

  • Versez dans une étamine et laissez le jus s’écouler.

  • Mesurez la quantité de jus et ajoutez le jus d’un citron plus un rien moins de 1kg de sucre de canne pour 1 litre de jus. Inutile d’utiliser du sucre gélifiant car les mûres contiennent naturellement beaucoup de pectine.

  • Mélangez régulièrement puis laissez reposer une nuit pour que le jus absorbe complètement le sucre.

  • Le lendemain, l’opération de cuisson sera très rapide. Amenez le jus à ébullition à bon feu dans une casserole à confiture et comptez 3 minutes à partir des premiers gros bouillons. Retirez du feu et contrôlez la gélification. Pour ce faire, versez une cuillerée de jus sur une soucoupe et mettez-la au frigo. Après une minute ou deux, sortez du frigo et passez le doigt dans la gelée. Si des rides se forment, c’est que la gelée a “pris” et vous pouvez la mettre en pots et les fermer aussitôt. En revanche, si le point de gélification n’a pas été atteint (ce qui peut dépendre de la teneur en eau des fruits), remettez la casserole sur le feu pour 2 ou 3 minutes encore. Parfois on réussit du premier coup, mais pas toujours. L’important est de cuire la gelée le moins longtemps possible pour qu’elle ne devienne pas sirupeuse.

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