La valse à quatre temps

La rotation des cultures au potager est un vaste sujet. Sa raison d’être, dans un potager naturel, est de ne pas épuiser la fertilité du sol et de limiter les maladies et les dégâts des ravageurs. Je n’entre pas dans le débat de la permaculture, qui est une philosophie holistique qui va bien au-delà de la culture des légumes, mais me limiterai aux différentes possibilités d’organiser l’espace pour une production optimale.

La seule chose certaine, c’est que de cultiver le même légume, au même endroit, plusieurs années de suite, n’est pas une bonne idée. A moins d’ajouter de grandes quantités d’engrais le sol va s’épuiser. Pour éviter cela, la première méthode, c’est l’alternance aléatoire, que j’appellerai la culture plic-ploc. Elle convient particulièrement pour les potagers collectifs, les petites surfaces et les cultures en bacs. De petites quantités de légumes sont plantées ou semées partout où il se trouve une place. A condition de prévoir de nombreuses espèces différentes, une alternance naturelle se crée. On arrache un oignon et on replante une laitue au même endroit. Ces parcelles sont généralement agrémentées de fleurs à couper, comestibles ou dissuasives pour les nuisibles. Elles donnent de la couleur à ces espaces et attirent les pollinisateurs pour une meilleure production des légumes-fruits, tomates, courgettes et potirons notamment.

Bien que ce procédé soit très productif, tout le monde n’est pas sensible au charme de ce type de potager et n’est pas prêt à chercher sa carotte au milieu du fouillis.

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Notre potager en Belgique, en comparaison, est extrêmement structuré. Charles, mon mari, en a conçu le dessin, centré autour d’un ancien puits artésien encore fonctionnel. Il a suivi la forme d’un terrain irrégulier et entouré l’espace d’une palissade en bois. Cette structure permet de diviser l’espace en quatre quartiers principaux, autour du puits. La serre occupe une cinquième parcelle et il y a un bon espace de plantation tout autour, au pied de la palissade. L’espace de gauche est divisé en deux parties: une moitié pour les poules et quelques fruitiers, une moitié pour la cage des petits fruits.

Cette structure permet de pratiquer très facilement la rotation en quatre ans, ce que j’appelle la valse à quatre temps. Les cultures annuelles tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, avançant d’un quart d’heure chaque année. Voici la séquence que j’applique et qui est celle généralement recommandée.

Le premier temps de la valse: les légumineuses fertilisantes

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Commençons par les cultures qui fertilisent le sol en y apportant de l’azote. Les légumineuses, petits pois, fèves et haricots en tous genre, ont des bactéries qui forment des petits nodules sur leurs racines et vivent en symbiose avec la plante. Ces bactéries captent l’azote de l’air et le mettent à la disposition de la plante, qui leur fournit du carbone en échange. Cet azote nourrit la plante, mais peut aussi nourrir les cultures environnantes ou successives.

Pour cette raison, on peut également utiliser des légumineuses comme engrais vert: lupins, trèfle, vesces, luzerne ou pois de senteur par exemple.

Quand vient la fin des haricots, n’arrachez pas la plante mais coupez-la à la base. Les racines et leurs précieuses nodosités pleines d’azote continueront à enrichir le sol. Le vieux feuillage peut servir de paillage.

Le second temps: les choux gourmands

Pour former un gros chou, il faut justement beaucoup de nourriture. Les choux peuvent donc logiquement suivre les pois. Sur cette photo on voit le grand chou palmier ‘Black Magic’, une amélioration de ‘Nero di Toscana’, excellent sauté dans les wok. Puis à leur gauche, les choux rouges, choux de savoie, appelés aussi choux verts et les choux kale ‘Frostara’. Les brocoli et choux-fleur appartiennent à la même famille. En début d’automne, je plante déjà les brocolis et choux-fleurs de printemps à l’emplacement des petits-pois, dès que ceux-ci sont terminés. De la sorte ils sont déjà à leur place dans la parcelle suivante.

Pour former un gros chou, il faut justement beaucoup de nourriture. Les choux peuvent donc logiquement suivre les pois. Sur cette photo on voit le grand chou palmier ‘Black Magic’, une amélioration de ‘Nero di Toscana’, excellent sauté dans les wok. Puis à leur gauche, les choux rouges, choux de savoie, appelés aussi choux verts et les choux kale ‘Frostara’. Les brocoli et choux-fleur appartiennent à la même famille. En début d’automne, je plante déjà les brocolis et choux-fleurs de printemps à l’emplacement des petits-pois, dès que ceux-ci sont terminés. De la sorte ils sont déjà à leur place dans la parcelle suivante.

Le troisième temps: les racines sobres

La grande variété de légumes-racines suit la danse. Elles plongent beaucoup plus profondément dans la terre et vont donc y trouver les nutriments restants, que les choux n’auront pas épuisés. Tout ceci à condition bien sûr que la terre n’aie pas été bêchée et retournée, ce qui en perturberait tout l’équilibre. Parmi les racines vous planterez des oignons, de l’ail, des poireaux, des radis, la betterave rouge, le panais, le navet, les carottes et les pommes-de-terre. Comme ces dernières prennent beaucoup de place, je les fais circuler sur des parcelles séparées.

Le quatrième temps: les courges avec compost

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Les derniers dans cette ronde sont les potirons, courges, courgettes, concombres et pâtissons. Ces légumes-fruits sont très gourmands et leur place de choix est le tas de compost. Ils ont donc bien besoin d’un sol enrichi. Je creuse donc un grand trou, y verse un seau de compost décomposé et y installe les plants qui ont été élevés en serre. La terre de potager est remise par-dessus, dans l’espoir que toutes les graines présentes dans le compost ne germent pas. Un bon paillage entre les plantes (ici ce sont des tontes de gazon) permet de maintenir l’humidité en attendant que leurs grandes feuilles ne couvrent tout l’espace.

Et le reste?

Les légumes restants (surtout les légumes-feuilles, épinards, laitues, céléris, aneth), peuvent aller entre les rangs ou en bouche-trou dès qu’une place se libère.

Les tomates, dans les climats humides comme la Belgique, sont confinées dans la serre. Dans des climats plus cléments elles partageront la parcelle des légumes-fruits.

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Les fleurs à couper peuvent se planter en bordure des parcelles ou dans des planches qui leur sont réservées. Au pied de la palissade, occupée par des poiriers, j’ai planté en alternance des rhubarbes et des pivoines herbacées à couper. Pour gagner encore de la place, je récupère les jacinthes cultivées dans la maison et les place au pied des rhubarbes. Les grandes feuilles les cachent rapidement.

Enfin, les légumes perpétuels, oseille, artichauts et asperges par exemple, ont besoin d’une place définitive.

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Le bord des parcelles convient pour les herbes, persil, basilic, sarriette etc. Elles auront l’avantage d’avoir plus de soleil et d’être faciles d’accès. Les plantes condimentaires persistantes, comme la ciboulette et le thym, font de jolies bordures bien nettes. C’est également le cas des fraises des bois, à condition de choisir une variété non-stolonifère.

Vous voilà avec un potager bien ordonné mais qui devra bien sûr laisser une place à l’improvisation. Il aura l’avantage de changer d’aspect chaque année. Le seul principe de base est rotation, rotation, rotation. Le potager paraîtra toujours trop grand et sera en réalité toujours trop petit…

Jardin Ouvert

Venez voir par vous-même! Notre jardin sera ouvert le dimanche 6 juin 2021 dans le cadre du rallye des jardins de l’association Jardins Ouverts de Belgique. 18 jardins du Brabant-Flamand seront accessibles le même jour. Renseignements et inscriptions www.jardinsouverts.be

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