Les cynorhodons, cadeau automnal des roses

Cynorhodon, quel nom! Pire encore quand on l’écrit avec 2 r , cynorrhodon, une orthographe également admise. Vous vous en doutez, cela ne peut être que du grec. L’étymologie se base sur 2 mots grecs, kunos, le chien et rhodon, la rose. En d’autres termes, la rose des chiens. Une dénomination pas si étonnante quand on sait que notre rosier sauvage s’appelle justement Rosa canina ou rose canine. Les explications varient: certains prétendent que la plante guérissait les morsures de chien, d’autres que la racine était utilisée comme remède contre la rage.

L’églantier est un arbuste assez désordonné, heureusement encore bien présent dans les campagnes. Il sert aussi parfois de pied de greffe à des rosiers grimpants. Il peut arriver que votre rosier greffé meure et que vous vous retrouviez avec un églantier.

Techniquement, le cynorhodon est un faux fruit, un réceptacle qui contient les akènes, des fruits secs qui contiennent une graine chacun. Ces akènes sont munis de poils terriblement irritants: le poil à gratter. Les enfants élevés à la campagne s’amusaient autrefois à en glisser subrepticement dans la chemise de leurs compagnons de jeu. Aujourd’hui je crains que le terme même de poil à gratter leur soit complètement étranger …

Ces akènes étaient traditionnellement utilisés en remède rustique comme antiparasitaire ce vaut à ces fruits le nom commun populaire de gratte-cul!

La pulpe rouge des cynorhodons est une source exceptionnelle de vitamine C; une baie contiendrait l’équivalent de deux oranges. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs en faisaient certainement bon usage à l’entrée de l’hiver. Les pays germaniques utilisent encore beaucoup ces fruits en sirops, confitures et tisanes. Je vous laisse chercher des recettes. Le problème est que la cuisson détruit la vitamine C. Il convient donc de manger cette chair crue. Beaucoup attendent que les fruits soient blets pour les presser entre les doigts et faire jaillir la chair sans les graines. Comme on peut le voir sur la photo, les oiseaux sont très friands des fruits charnus.

Chez certains rosiers, la fructification est vraiment d’un intérêt majeur. Il s’agit généralement de rosiers à floraison unique, qui forment leurs fruits dès la fin de la floraison.

Beaucoup de roses de type rugosa produisent de beaux cynorhodons. Sur la première image, Rosa rugosa ‘Scabrosa’ en produit de particulièrement charnus et brillants après des fleurs simples violacées. Rosa moyesii ‘Geranium’ est un grand rosier botanique à fleurs simples rouges dont les fruits en forme d’amphore sont reconnaissables entre tous. Les fruits les plus étonnants sont peut-être ceux de Rosa roxburghii, jaunes et hérissés. La plante vient de Chine et ces fruits sont très prisés en médecine chinoise. Ils sont éminemment décoratifs. Suivent Rosa nitida, un buisson assez sauvage qui prend de belles colorations d’automne, Rosa glauca au feuillage bleuté et fruits bruns et le classique ‘Ballerina’.

C’est surtout dans les rosiers dits ‘paysage’ que la présence de beaux fruits pour succéder à la floraison est importante. Le rosiériste belge Louis Lens a créé de nombreuses variétés qui ne nécessitent pas de taille et conviennent parfaitement pour les situations moins formelles. Les fleurs sont généralement petites mais portées en grandes grappes qui se succèdent durant une longue saison. Les petits fruits portés sur de longs rameaux sans feuilles sont formidables en décoration, notamment à Noël.

Un de mes grands favoris est ‘Snow Star’ de Lens. Annoncé comme couvre-sol à 50 cm, il a atteint un bon mètre cinquante au fil des ans et cascade dans l’étang. La masse de petites fleurs blanches (très mellifères) est suivie d’innombrables petites perles rouges. Souvent les dernières fleurs apparaissent alors que les fruits sont déjà murs, un spectacle enchanteur.

Quand on choisit un rosier grimpant, et particulièrement un grand rosier liane, cela vaut la peine de se renseigner sur sa fructification, qui peut être spectaculaire. C’est le cas notamment du célèbre et immense Rosa filipes ‘Kiftsgate’, vu dans un jardin joliment drapé sur une solide arcade.

‘Bobbie James’ et ‘Francis Lester’ sont deux autres grands rosiers lianes qui peuvent allégrement partir à l’assaut d’un arbre et offrent un spectacle saisissant par une belle journée d’automne. Je rappelle toutefois que ces rosiers lianes sont indomptables, ce que j’ai décrit dans le billet du 21 juin 2020.

Découvrez les cynorhodons pour vos décorations de Noël; cela vous changera du houx traditionnel.

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