Les grandes feuilles du bord de l’étang

Pour faire une très grande feuille, il n’y a pas de secret, il faut beaucoup d’eau. C’est pourquoi les plantes à grandes feuilles poussent si bien au bord des étangs et des ruisseaux, leur donnant un aspect presque tropical. Le plus étonnant est que cette masse de feuillage se développe en quelques mois à peine, disparaissant complètement l’hiver. Fin août, ce développement sera maximum avant le flétrissement, avec parfois de belles couleurs d’automne en bonus.

Voici une première série de 4 beaux feuillages pour terrains humides. Soyez cependant avertis; tous occupent vite l’espace, notamment par de fortes racines ou des rhizomes quasiment impossibles à arracher. La plupart des plantes d’eau peuvent être très envahissantes. Ces plantes ne conviennent que pour des lieux où cette prolifération ne pose pas de problème.

Ces masses de grandes feuilles sur les berges ont bien sûr une fonction esthétique, mais servent également d’abri aux batraciens et aux nids des oiseaux d’eau.

Petasites hybridus

Voici le pétasite officinal , une vivace herbacée indigène en Europe et utilisée en médecine naturelle. S’étendant par rhizomes, il peut former de grands peuplements le long de fossés ou dans des prairies humides. La feuille, assez fine et molle, au revers argenté, peut atteindre près d’un mètre de circonférence. Il existe une espèce plus grande encore, originaire de l’est asiatique: Petasites japonicus var. giganteus, qui atteint 1,5 m de haut.

Au mois de mars -avril on voit apparaître des capitules de fleurs roses et parfumées, avant l’émergence des feuilles. L’espèce japonaise a des fleurs crème qui ressemblent à de petis choux. Une fois fanées, elles seront rapidement submergées par la végétation.

Le nom Petasites vient du mot grec petasos, un chapeau à large bord, une description très appropriée. D’ailleurs, le mot pétase existe au dictionnaire français pour décrire un tel chapeau. J’avoue que je connaissais la pétasse, mais pas le pétase…(Petite remarque intraduisible pour ceux qui lisent en traduction).

Trachystemon orientalis

Voici un couvre-sol hyper vigoureux qui couvrira rapidement une grande surface en éliminant toute concurrence. De jolies fleurs bleues apparaissent un printemps avant les feuilles. Elles font nettement penser aux fleurs de bourrache; Trachystemon appartient de fait à la famille des borraginacées et se trouve parfois sous le synonyme de Borago officinalis. Ces fleurs printanières sont très appréciées des abeilles.

Les feuilles sont cordiformes, vert vif et gaufrées. Elles ne sont pas énormes mais recouvrent très efficacement l’espace, comme des tuiles.

Plante d’ombre, celle que l’on appelle aussi bourrache du Caucase, aime les sols frais et humifères. La biomasse de ses feuilles qui meurent en hiver lui assureront vite tout l’humus qu’il faut. Si elle est ravie, comme ici, au bord de l’étang, elle peut supporter aussi le sol plus sec au pied d’arbres à feuillage caduc.

Astilboïdes tabularis

Avec sa feuille large et ronde, ses nervures et sa solide tige centrale, Astilboides tabularis a tout l’air d’un parapluie. Originaire de zones froides de Chine et de Corée, ces feuillages très exotiques ont vraiment besoin d’humidité permanente, de préférence à mi-ombre. Il faudra un peu de soleil quand même pour permettre l’apparition en juin-juillet des fleurs blanches semblables à des astilbes et qui sont à l’origine du nom du genre. Tabularis fait évidemment référence à l’aspect de table ou de plateau du limbe.

Bien que rhizomateuse elle aussi, cette plante est nettement moins envahissante que les autres.

Darmera peltata

Tout comme Astilboides tabularis, Darmera peltata a une feuille peltée, c’est-à-dire que le pétiole est attaché quasiment au centre de la feuille. Ce sont des feuilles parapluie ou bouclier qui atteignent 60 cm de large. Cette vivace-ci provient par contre du Nouveau Monde, poussant au bord des ruisseaux dans les montagnes boisées de l’ouest américain. Elle nécessite un sol bien humide.

Les Darmera partent de gros rhizomes très charnus (un peu comme des rhizomes d’iris) qui peuvent mettre un certain temps à s’installer. Si l’emplacement leur plaît, ils commencent alors à coloniser activement tout l’espace disponible.

Des cimes de petites fleurs roses à 5 pétales apparaissent bien avant les feuilles au printemps. S’élevant progressivement sur de grosses tiges, ces fleurs roses créent un spectacle très inattendu au bord de l’étang. On imagine difficilement la mer de feuilles qui se développera un mois plus tard.

Et nous ne sommes pas au bout des surprises. Dès le début de l’automne, certaines feuilles commencent à se colorer de jaune et de rouge, créant à nouveau un point d’intérêt fort. Darmera peltata est donc, sans conteste à mon avis, le champion de ce quatuor.

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