Les petits bleus parmi les rhodos

Au mois de mai, beaucoup de jardins sont dominés par les rhododendrons. Je suis un peu dépassée par la saison, car plusieurs des espèces que j’évoquerai ici fleurissent cependant dès mars ou avril, nettement plus tôt que les traditionnels ponticum ou yakushimanum. On les voit d’ailleurs ici au pied d’un magnolia stellata blanc, début avril. Le magnolia jaune pâle plus tardif, obtenu par le spécialiste belge Philippe de Spoelberch qui lui a donné l’excellent nom de ‘Petit Chicon’, crée un excellent contraste avec ces petits arbustes bleus bien compacts.

Beaucoup de pépinières spécialisées classent séparément ce qu’ils appellent le groupe des bleus. Il comprend diverses espèces de petite taille et à petites fleurs ainsi que les croisements entre ceux-ci: Rhododendron impeditum, russatum, augustinii, fastigiatum, calostrotum, hippophaeoides … Les fleurs varient du bleu pâle au bleu foncé violacé.

Rhododendron impeditum est un des plus typiques. Son qualificatif latin signifie approximativement ‘entravé’ ou ‘restreint’ et c’est effectivement un nain, atteignant 60 cm. Ses petites feuilles ovales ont une nervure centrale prononcée et un indument qui les protège. Il s’agit d’ailleurs d’une plante de montagne, provenant du Sichuan et du Yunnan où elle croît à des altitudes situées entre 2500 et 4600 m. Une coriace!

Comme beaucoup d’autres rhodos, cette espèce fut ramenée en 1911 au jardin botanique d’Edimbourg par le grand chasseur de plantes écossais George Forrest. Les écossais le surnomment volontiers l’Indiana Jones du monde des plantes. Il entreprit effectivement pas moins de 6 expéditions dans les hautes montagnes du Yunnan, risquant parfois sa vie face à des indigènes hostiles. Le site plantexplorers.com vous fournira plus de détails sur sa vie et ses aventures.

Il y a de nombreux cultivars de R. impeditum, variant surtout par la nuance de bleu. Vous trouverez notamment ‘Moerheim’, plus rosé, ‘Gristede’, ou ‘Azurika’, très foncé. ‘Blue Tit’ est un classique d’une tonalité plus pâle. Pour ceux dont la connaissance de l’anglais provient de la culture américaine, je précise que, dans notre contexte, un ‘blue tit’ n’est pas un téton bleu mais une mésange bleue …

Rhododendron russatum vient du sud de la Chine et du Myanmar. On l’indique comme atteignant 1 m, mais de vieux exemplaires, comme ici dans le parc de la famille De Belder, dépassent largement cette taille, formant un véritable nuage bleu. Il y a d’ailleurs un cultivar qui s’appelle ‘Azurwolke’. ‘Gletschernacht’ est une sélection très foncée, mais moins que ‘Hill of Tarvit’, photographié à l’Arboretum de Wespelaar.

Lors d’une promenade printanière dans cet arboretum pour admirer les magnolias, j’ai pu voir ‘Purple Gem’, à toutes petites feuilles grisâtres et fleurs violettes et un beau groupe de R. hippophaeoides ‘Inshriach’.

Dans la même collection on peut voir encore R. lapponicum ‘Hillier’s Form’, d’un vrai bleu gentiane, et ‘Blue Diamond’, un hybride de R. augustinii.

Ces rhodos à petites feuilles et à fleurs compactes sont aussi mes favoris pour les bouquets. Je les ai combinés ici à des fleurs de pommier décoratif et à de remarquables tulipes pivoines.

Il y a beaucoup de variétés et beaucoup de noms, mais il ne faut retenir qu’une seule chose: il existe de charmants petits rhodos bleus, bien compacts, qui peuvent trouver leur place dans n’importe quel jardin, en isolé ou en groupe. Bleu ciel, blue nuit ou violet, à vous de choisir. Pour ne pas se tromper il faudrait idéalement acheter sa plante en fleur car, comme on en a tous fait l’expérience, la couleur sur l’étiquette n’est pas toujours fiable.

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