Un tapis de géraniums

On recherche parfois le parfait couvre-sol pour border un chemin, couvrir les espaces sous des rosiers, animer un talus. Les géraniums vivaces offrent une solution efficace, combinant un joli feuillage et le plus souvent une longue floraison. Moyennant un minimum d’entretien, le résultat est très plaisant. Voici quelques sélections qui conviennent bien à cet usage.

Un premier exemple, vu en Ecosse, a été utilisé pour remplir des espaces entre des dallages. C’est un cultivar très bas, caractérisé par un feuillage brun tout à fait inhabituel. Il est réputé fleurir de mai à novembre. Quelqu’un l’a baptisé du nom très curieux de ‘Bob’s Blunder’, ce qu’on pourrait traduire par ‘la bourde de Bob’. Des bourdes comme celle-là, on en veut bien, Bob!

Une des qualités premières que l’on demande à un couvre-sol, c’est qu’il soit effectivement couvrant et qu’à partir d’un certain nombre de plantes de départ il couvre efficacement chaque centimètre de terrain, étouffant les intrus. Un des champions dans le genre est le bien-nommé Geranium macrorrhizum, ce qui veut dire ‘à grosse racine’. Non seulement il se répand rapidement par le biais de ses racines charnues mais il se ressème de surcroît abondamment. De la sorte, dans ce jardin privé en Ecosse, les propriétaires ont réalisé une longue bordure ondulée, atténuant la noirceur de la vieille haie d’ifs.

Le macrorrhizum type est d’un rose soutenu, mais il en existe d’autres sélections, dont ‘Spessart’ ci-contre, presque blanc avec un joli contraste entre le bouton rose et la fleur. ‘Ingwersen’s Variety’ est rose pâle, ‘Czabor’ rose très foncé et ‘White Ness’ tout blanc.

La floraison du Geranium macrorrhizum a lieu en mai-juin et n’est pas très longue. Ceci est compensé par un beau feuillage qui colore à l’automne. Comme la plante supporte bien les sols secs, cette espèce est toute indiquée pour couvrir des talus. On peut l’utiliser à l’ombre et à mi-ombre ce qui veut dire qu’elle se développera même au pied de grands arbres, une position toujours difficile.

Une espèce très similaire est Geranium x cantabrigiense. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant car il s’agit d’un hybride en G. macrorrhizum et G. dalmaticum qui a été produit en 1974 au jardin botanique de l’université de Cambridge (Cantabrigia en latin). L’espèce a la même capacité de former rapidement un tapis très dense grâce à ses rhizomes souterrains. Deux différences la distinguent de son parent. La feuille est nettement plus découpée, avec 7 lobes bien marqués. Le feuillage est en outre semi-persistant. Ensuite, la plante est plus basse, culminant généralement autour de 30 -40 cm. Ceci en fait le candidat idéal pour une plantation sous des arbustes, des rosiers notamment. La variété blanche représentée ci-dessus est ‘Biokovo’, un grand favori. La floraison est estivale, de juin à juillet, mais la plante reste nette et attractive toute la saison.

Un autre cultivar très répandu est ‘Karmina’, dont les boutons biens rouges produisent des fleurs d’un rose soutenu . Une des variétés a bien entendu été nommée pour l’université ‘Cambridge’ et est rose vif.

Plus bas encore (20 cm), avec une feuille plus finement découpée et un floraison record de juin à septembre, nous trouvons le très raffiné Geranium sanguineum. L’espèce est également originaire d’Europe et aime particulièrement les sols rocailleux et calcaires. Elle s’étend aussi par rhizomes souterrains, lentement mais sûrement. Les fleurs de cette espèce sont souvent quasi rondes car les 5 pétales se chevauchent un peu. La couleur la plus fréquente est rose violacé mais il existe des variantes, comme la variété striatum, rose pâle aux veines rose vif et ‘Elke’, fuchsia bordé de blanc.

Il y a encore de nombreuses espèces moins répandues qui ont des grandes qualités. Geranium endressii est très couvrant avec de très petites fleurs roses. Geranium maculatum est une espèce sauvage des forêts américaines, parfaite pour les situations ombragées. Geranium x oxonianum ‘Katherine Adèle’, représenté ici, est un de mes favoris. Ses petites fleurs presque blanches sont striées de magenta et se détachent sur un feuillage magnifique teinté de bronze. Une première floraison qui commence dès mai est suivie par un second service en septembre sans qu’il ne soit nécessaire de recouper les fleurs fanées. Les touffes de feuillage sont magnifiques et compactes avant la floraison.

Et le bleu me direz-vous? Toutes les propositions ci-dessus vont du blanc au rose, or tout le monde affectionne le bleu. Oui, il en existe aussi de très beaux et de très florifères, dont les plus connus sont sans doute ‘Johnson’s Blue’ et ‘Rozanne’. Ces vivaces poussent plus haut que les couvre-sol à proprement parler et la masse de fleurs l’emporte nettement sur le feuillage. La floraison peut s’étendre sur toute la saison mais il convient généralement de supprimer la première floraison au début de l’été pour garder ses plantes compactes et les relancer en septembre.

Tous les cultivars mentionnés se trouvent chez la plupart des pépiniéristes en petits pots. Achetez-en une caisse de 24 et c’est parti pour un tapis!

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