Yucca et Cordyline pour l’exotisme
Il est toujours amusant de voir que l’évolution a permis l’émergence d’espèces présentant des similitudes sur des continents différents. C’est le cas du Yucca, originaire du continent nord américain et de la Cordyline qui provient de l’Australie et des Îles avoisinantes. Les deux espèces appartiennent à la même famille, les agavaceae.
Si beaucoup n’ont pas un grand enthousiasme pour les yuccas, c’est en grande partie parce qu’on les voit souvent plantés hors contexte, dans des jardins suburbains par exemple. Leur touffe de feuilles raides, surmontée d’immenses hampes florales, est sans doute trop exotique pour la plupart des jardins.
L’espèce la plus rustique, que l’on voit couramment au nord de la Loire, est Yucca gloriosa, le yucca superbe. On l’appelle aussi dague espagnole pour ses feuilles rigides et piquantes.
Bien que originaire de la côte SE des USA, il est rustique jusqu’à -20°C. Il ne forme pas de tronc mais la touffe s’élargit de la base. Au bout de 5 ans la plante commence à produire ses fleurs étonnantes.
Un épi impressionnant se dresse bien au-dessus du feuillage, d'où pendent une masse de clochettes blanches ou crème. Dans son habitat d’origine, ces fleurs sont pollinisées par des papillons de nuit. Plantée dans un jardin à l’ambiance exotique, cette plante fait assurément de l’effet. Il a peu de cultivars; ‘Variegata’, bordé de blanc et ‘Bright Star’ sont les principaux.
Dans les climats plus doux, le plus répandu est un yucca nettement plus grand, pouvant atteindre plus de 10m dans la nature: Yucca gigantea. Le tronc gris et lisse s’épaissit nettement à la base, ce qui lui vaut le nom de yucca pied d’éléphant dont l’ancien nom latin était d’ailleurs Yucca elephantipes.
Provenant du Mexique, ce yucca géant ne supporte pas les gelées au-delà de -8°C et est à réserver aux climats doux. Son port est sculptural même si l’allure générale est un peu lourde. De nombreuses pousses apparaissent sur le tronc. On a intérêt à les supprimer pour mettre en valeur le tronc et créer plus de légèreté et de transparence. Mises dans de l’eau, ces pousses produiront de fortes racines et une belle nouvelle plante. Ce yucca est indestructible; même coupé à ras il repart de plus belle et tout bout de bois s’enracine aisément.
Yucca gigantea est souvent vendu comme plante d’intérieur ou pour la culture en pot. Il a l’avantage de supporter la sécheresse et de nécessiter fort peu de soins. Il faudra cependant le maintenir à une taille raisonnable.
Un des plus élégants du genre est Yucca rostrata qui se distingue par une fontaine de feuilles bleutées. Provenant des déserts américains et mexicains, l’espèce nécessite le plein soleil et un sol très drainé mais peut supporter jusqu’à - 15°C.
Contrairement à gigantea, le tronc n’est pas lisse mais couvert par la ‘jupe’ des feuilles des années précédentes (comme chez certains palmiers). On peut supprimer ces feuilles sèches mais cela dénature un peu le sujet. De plus, il est amusant de compter les années de pousse, bien visibles.
Quand l’énorme panicule de fleurs apparaît au sommet de cette colonne, l’effet est spectaculaire et le spectacle d’assez longue durée. Contrairement aux agaves, la floraison ne tue pas la plante. Elle n’intervient toutefois pas chaque année.
Quelques cultivars encore plus bleus ont été introduits.
Ces 3 espèces sont sans doutes les plus courantes parmi les quelque 40 à 50 espèces du genre Yucca.
Le genre Cordyline est très ressemblant par certains aspects, notamment ses touffes de feuilles en forme d’épées. Elles sont un peu plus douces et souples. Les fleurs sont toutefois très différentes des grandes clochettes des yuccas. Un épi géant s’élève au-dessus du feuillage mais il est composé de toutes petites fleurs, blanches ou roses, parfumées et mellifères.
Les cordylines commencent par une simple touffe de feuilles, stade auquel elles sont très belles en pot, mais au fil des ans un tronc se développe et se ramifie, atteignant jusqu’à 20m de haut. Nous voyons ici de beaux exemplaires de Cordyline australis var. atropurpurea, photographiés au jardin botanique de Leiden aux Pays-Bas.
Comme l’épithète l’indique, la plante est originaire des régions australes, la Nouvelle-Zélande dans ce cas. Elle fut ramenée en Europe dès 1769 par le célèbre botaniste anglais Joseph Banks lors de son expédition avec le navigateur James Cook, expédition qui allait entraîner la colonisation de l’Australie. La cordyline y pousse dans de nombreux habitats, dans les forêts, les marécages ou le bord de mer. Les maoris en consommaient les rhizomes mais aussi parfois la pousse centrale, le chou (ce qui tue toutefois la plante). Ceci explique pourquoi en français on trouve parfois le nom curieux de chou palmiste. Ils utilisaient aussi les fibres obtenues des feuilles.
Grâce au fait que ces plantes supportent l’eau, la sécheresse et la brise de mer, tout en étant rustiques jusqu’à - 5 °C environ, on peut voir de très beaux exemplaires dans les jardins du sud de l’Angleterre, de la Bretagne ou de la Normandie et bien sûr dans les climats méridionaux. L’effet exotique est assuré!
Contrairement aux yuccas, la couleur pourpre est naturellement présente chez Cordyline australis et a mené à la création de très beaux cultivars, spectaculaires en pot. Ci-dessus dans l’ordre: ‘Red Heart’, ‘Red Star’ et ‘Torbay Dazzler’ . Il y en a beaucoup d’autres à trouver en ligne.
Pour un élément graphique fort, que ce soit dans un grand pot sur une terrasse ou dans un jardin de graviers ou d’ambiance exotique, une plante de cordyline n’a pas son pareil.
L’appréciation que l’on peut avoir tant des yuccas que des cordylines dépend beaucoup du contexte. Personnellement, je ne l’associerais pas à un rosier rose…
Plantés à même le sable dans un jardin en bord de mer au Portugal, l’impact est très différent!