Mes plantes de l’année

En se promenant dans le jardin en toute saison, il est amusant de se demander quelle plante vous a le plus impressionné au cours de l’année. Parfois ce sont des sujets qui peuvent avoir végété plusieurs années dans l’insignifiance pour tout à coup fleurir et déployer leur magnificence. Parfois ce sont simplement des plantes qui donnent satisfaction d’année en année. Je m’amuse donc à nommer une plante de l’année, dans mon jardin belge et mon jardin italien: un prix pour le nord et un prix pour le sud.

Pour le Nord: Acer palmatum ‘Shishigashira’

Ce petit érable ravissant est affublé d’un nom difficile à retenir et est dès lors souvent surnommé simplement ‘chichi’. En japonais, shishi veut dire tête et kashira est le lion. Shishigashira se réfère au masque de la tête de lion (qui ressemble nettement plus à un dragon), qui est porté pour certaines cérémonies.

Parmi les très nombreux cultivars d’Acer Palmatum, celui-ci est particulièrement joli. Il forme un petit arbre, qui atteindra au grand maximum 3 à 4 mètres de haut. On peut aussi le tailler, comme ici dans la partie un peu japonisante du jardin, pour le maintenir comme une sorte de bonsaï géant.

La feuille de ‘Shishigashira’ est tout à fait distinctive: petite, lobée et crispée. D’un beau vert clair tout l’été, le feuillage prend des teintes bronze et rouges magnifiques, souvent relativement tard par rapport aux autres érables japonais. C’est peut-être ce rouge qui évoque la tête la lion.

Outre le feuillage, un atout majeur de ce bel érable est sa magnifique écorce, vert vif , quasi fluorescent et parfaitement lisse. Pour profiter pleinement de cet atout, il vaut mieux choisir une sujet en cépée. Je maintiens le haut de ce petit arbre taillé en dôme, mais constate que les troncs s’épaississent et deviennent de plus en plus beaux d’année en année. Il faut évidemment supprimer les petites branches latérales et celles qui se croisent les premières années, de façon à obtenir une silhouette équilibrée et une belle transparence.

Comme pour la plupart des érables, la silhouette hivernale est tout à fait élégante. Toutes ces qualités en font un candidat parfait pour des coins très structurés du jardin, pour des patios ou les jardins de ville, voire même pour un grand bac de plantation. ‘Shishigashira’ est la petite merveille qui invite à méditer zen.

 

Pour le sud: Salvia leucantha

Il y a d’innombrables sauges et beaucoup sont magnifiques, mais Salvia leucantha est certainement assez unique en son genre: un véritable feu d’artifice magenta. Je l’ai découverte pour la première fois en Californie, où elle était omniprésente dans les jardins à front de rue de San Francisco. Je ne me doutais pas qu’elle se plairait tout autant dans notre climat méditerranéen où elle est nettement moins utilisée.

L’épithète leucantha provient des mots grecs leucos, blanc et anthos, fleur. Pourtant en voyant cette masse de fleurs rose fuschia, on peut se demander ce qui lui vaut ce nom de fleur blanche. En réalité, les longues inflorescences de l’espèce portent des petites fleurs à corolles blanches recouvertes par des bractées roses, duveteuses comme du velours.

Ce qui est tout à fait remarquable, c’est que cette floraison commence après l’été, vers septembre octobre, et se poursuit jusqu’à ce que le froid de janvier abîme les bractées. Cet arbuste offre donc un excellent relais au jardin en fin de saison et surtout une réserve importante de nectar tardif pour les abeilles.

Le feuillage ressemble à une feuille de sauge assez classique, grisâtre et duveteuses mais plus longue et étroite. Cette sauge peut devenir très volumineuse, atteignant 1.50 m en tous sens. Elle a tendance à être laxe, car les pousses de l’année ne font pas de vieux bois; il s’agit plutôt d’une herbacée que d’un arbuste. De fait, au coeur de la plante, des jeunes pousses vont se développer et à la fin de l’hiver il faudra couper tous les rameaux de l’année précédente pour laisser les nouvelles pousses prendre le relais. C’est une taille pour laquelle il ne faudra heureusement pas se poser trop de questions. De plus, on peut aisément prélever des bouts à bouturer, ce que j’ai fait au départ (j’ai eu des bébés californiens!).

Native du Mexique, la sauge à fleur blanche est un joker utile face à la chaleur et la sécheresse; elle se plaît parfaitement dans un jardin sec et a même réellement besoin d’un sol bien drainé et du plein soleil. Dans ce parterre je l’ai placée devant un Ceanothus (floraison bleue en mai), des Euphorbia characias ( floraison printanière chartreuse) et derrière des santolines à feuillage gris. Ceci assure une belle succession sans concurrence et tous se passent parfaitement d’irrigation.

Dernière qualité, non négligeable à mes yeux, les hampes florales et leur feuillage sèchent assez joliment. La belle couleur fuchsia se perd malheureusement au séchage, mais il reste un joli violet.

En revanche en saison, on peut réaliser d’énormes bouquets de velours rose. Spectaculaire!

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