Les rosettes remarquables des Aeoniums

Elles ressemblent à des joubarbes mais en plus grand, les rosettes portées sur des tiges épaisses pouvant atteindre 50 cm à plus d’un mètre. Elles ont des feuilles en forme de spatule, plus espacées que celles des joubarbes et des Echeveria, dans des tons variant généralement du vert au pourpre. Ces curieuses plantes grasses sont les Aeoniums et leur nom insolite ne peut provenir que du grec ancien: aionios qui signifie sans âge ou qui dure des âges (un éon est une unité de temps géologique de plusieurs ères). Plus cocasse, on voit parfois en français le nom de chou en arbre.

Cette vivace est-elle pour autant éternelle? Malheureusement pas. Le gel en viendra à bout très rapidement.

Ses stratégies de survie sont intéressantes, particulièrement adaptées aux périodes de chaleur et de sécheresse. Cette plante grasse appartient à la famille des crassulacées (ce qui en latin veut littéralement dire petite grosse) et stocke de l’eau dans ses feuilles et ses grosses tiges. De plus, pendant les périodes de soif, les rosettes se ressèrent et se réduisent en taille pour se redéployer dès les premières pluies d’automne.

Les tiges développent de nombreuses racines aériennes de sorte que, si une branche casse sous le poids des rosettes ou touche le sol, elle s’enracine aussitôt. L’Aeonium est dès lors très facile à reproduire par boutures. Certains n’apprécient d’ailleurs pas les grosses tiges ligneuses et coupent les rosettes chaque année avec une section courte pour les replanter en pot.

La reproduction par bouture est d’ailleurs la méthode la plus courante car par semences c’est plus problématique. D’abord il faut que la plante fleurisse, or la floraison n’intervient que sur des plantes matures, souvent au bout de plusieurs années. De grands panicules de petites fleurs jaunes en étoile produisent des semences minuscules emportées par le vent.

L’Aeonium est monocarpique, ce qui veut dire que ce grand effort de floraison entraîne la mort de la rosette qui l’a produite. Heureusement, les rosettes avoisinnantes prennent la relève.

C’est essentiellement pour son feuillage insolite que l’on cultivera cette succulente. Les variétés bicolores ou presque noires sont particulièrement impressionnantes. Dans les régions où il ne gèle quasiment pas on peut les cultiver en pleine terre, dans un sol bien drainé. Les jardins de graviers ou les talus leur conviennent bien. On obtient rapidement une belle touffe.

Pour les situations moins favorables les aeoniums s’adaptent parfaitement à la culture en pot ce qui permet de les mettre à l’abri pour l’hiver. Un pot met en valeur leurs qualités graphiques.

Certains, comme ma chère amie Sophie, deviennent collectionneurs de ces curiosités botaniques. Les petits trésors qu’elle exhibe sont le résultat de recherches internationales car peu de variétés sont proposées dans les jardineries. Sa collection en est d’autant plus exclusive. Une grande serre chauffée permet de mettre ces raretés à l’abri de l’hiver belge.

Ce petit échantillon parmi les quelques 200 cultivars qui existent permet toutefois de se rendre compte que les Aeonium sont des plantes ‘design’ fascinants quand on les regarde de près. Le cultivar ‘Zwartkop’ (tête noire en néerlandais) présente un des feuillages les plus noirs de toutes les plantes de jardin. Il est heureusement assez répandu et fait merveille dans des créations contemporaines. ‘Sunburst’ est au contraire très lumineux, vert pâle bordé de crème et de rose. ‘Chanel’ a un large bord carmin très élégant. A. tabuliforme est une espèce où les feuilles se chevauchent à plat comme des tuiles.

Si l’aventure vous tente il faudra explorer l’Internet. Attention toutefois à nos amis britanniques qui proposent des merveilles mais où vous payerez trois fois le prix de la plante pour la dédouaner. Ne parlons même pas des tarifs douaniers américains…

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