De belles touffes pour égayer l’hiver

Nous connaissons bien les graminées ou herbes qui sèchent et prennent des tons paille en hiver. Au printemps il convient de les couper à ras pour qu’elles reprennent une bonne végétation.

Ici, nous parlerons des Carex, qui ressemblent aux graminées par la finesse de leurs feuilles, mais n’en sont pas. Elles appartiennent à la vaste famille des cyperaceae, regroupant des milliers d’espèces dont la plupart apprécient les zones humides, les marais et les sous-bois. Le représentant le plus familier de la famille est peut-être le papyrus, Cyperus papyrus.

En français, on les appelle laîches, un nom curieux et très ancien désignant les herbes des marais.

Le genre Carex est vaste, ses plus de 2000 espèces dispersées sur tous les continents. Beaucoup ne payent pas vraiment de mine comme cette laîche des bois indigène, Carex sylvatica. D’autres sont très ornementales comme la laîche du Japon ci-dessus, Carex oshimensis ‘Evergold’.

Un des points communs aux Carex, qui les distinguent d’ailleurs des graminées, c’est que que sont des vivaces persistantes, offrant donc un intérêt particulier pour l’hiver. La section des tiges est triangulaire alors qu’elle est ronde chez les herbes. Le bord des feuilles est généralement coupant. Les épis de fleurs sont discrets et ne sont pas l’intérêt principal de la plante.

La plupart des sélections horticoles forment des touffes qui s’élargissent par rhizomes mais ne sont pas envahissants.

Méfiez-vous toutefois du beau grand Carex pendula! Pouvant atteindre 1m50 de haut, ses fleurs pendent gracieusement comme des chatons au bout d’une canne à pêche. L’effet, au bord d’une pièce d’eau par exemple, est ravissant. Ces fleurs sont pollinisées par le vent et les semences sont disséminées par le vent également. Il y en a beaucoup! De petites plantes naissent en grand nombre et sont difficiles à arracher. Les laîches ont effectivement un système racinaire vigoureux, qui leur permet notamment de stabiliser les sols.

Une autre espèce indigène, qui peut même être immergée en eau peu profonde, est Carex elata (ou élévée). La variété ‘Aurea’, illustrée ici dans un bassin en compagnie d’iris panachés, est particulièrement lumineuse au printemps. De beaux épis brun foncé se dressent au-dessus du feuillage.

Les laîches japonaises commencent à se trouver facilement et vous sont proposées avec toutes les panachures envisageables.

Carex oshimensis (de l’île d’Oshima) forme de belles touffes retombantes. Toute une série commençant par Ever- décline la gamme des possibilités: ‘Everillo’ jaune vif (1ère photo), ‘Everest’, ‘Evergold’, ‘Everlime’, ‘Evercream’ …

‘Feather Falls’ (2ème photo) est un hybride de oshimensis.

Carex morrowii est également japonais et il faut avouer que les différences entre espèces sont minimes.

En revanche, cette laîche-ci provient de Nouvelle- Zélande et se distingue par sa couleur cuivrée particulièrement vive à l’automne. Il s’agit de Carex testacea ‘Prairie Fire’. Son nom provient du mot latin testa, la brique, en référence à sa couleur terre cuite. Ces monticules chevelus permettent des associations intéressantes avec des heuchères de couleur ambre par exemple.

Des laîches à feuilles plus larges nous viennent d’Asie et notamment de Chine. L’espèce Carex siderosticha (ou siderostricta) fournit un excellent couvre-sol à feuilles larges qui reste bas et s’étale par rhizomes tout en restant contrôlable. Il aime l’ombre ou la mi-ombre et les sols frais. L’ambiance des jardins japonais lui convient parfaitement. Il y a diverses sélections panachées dont celui ci-dessus, à large bande centrale très voyante: Carex siderosticha ‘Shiro’.

Une autre espèce Chinoise qui sort vraiment de l’ordinaire est Carex scaposa. En effet, alors que la floraison de la plupart des Carex est discrète voir insignifiante, cette espèce produit des fleurs rose vif très voyantes au-dessus des feuilles en fin d’été. Ici aussi, l’ombre et la pluie sont de mise.

Quels peuvent être les usages de ces belles touffes au jardin? On peut en planter en bordure de chemin, en association avec des arbustes ou des vivaces comme des hostas ou des fougères par exemple. On apprécie mieux leur ‘chevelure’ si on leur donne la place de se développer. Ce sont aussi d’excellentes plantes pour des pots car les espèces panachées illuminent les coins d’ombre; une solution basse maintenance et durable.

Pour s’épargner le travail d’une pelouse, je vois de plus en plus de plantations uniformes de laîches dans les jardins à front de rue, notamment sur des talus. Il est vrai qu’il ne faut théoriquement rien faire…

Cependant, je constate des problèmes au bout de quelles années: si le chiendent s’enfile parmi les plantes c’est la galère. Souvent, ces talus sont exposés au plein soleil et les feuillages or brûlent et brunissent; les nettoyer n’est pas une sinécure…

Après la vague de marée des graminées qui a déferlé ces dernières années, les laîches commencent à se forger une place dans nos jardins. Elles ont le grand avantage d’avoir un feuillage persistant et d’être extrêmement rustiques. N’oublions toutefois pas que, si les herbes aiment griller dans les ambiances de plein soleil, les Carex sont des habitants de l’ombre fraîche. Si vous avez le bon emplacement, vous n’avez plus qu’à choisir parmi les innombrables panachures!

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Quelques vivaces moins courantes dans les parterres d’automne