Le kaki, fruit des dieux
Quel est cet arbre surprenant, portant encore ses fruits ronds oranges en décembre, comme des boules de Noël? Il s’agit du plaqueminier dont le fruit, le plaquemine, est mieux connu sous le nom de kaki. Le nom botanique de cet arbre est effectivement Diospyros kaki. C’est un nom ronflant, car il signifie, ni plus ni moins que fruit des dieux (du gres dios, Zeus, dieu et pyros, le fruit, le grain).
Malgré son nom, ce fruit disponible dans le commerce en fin de saison, ne fait pas l’unanimité! Il en existe deux types. La plupart des kakis sont très astringents et ne peuvent se manger que blets, après une gelée. Ils sont souvent séchés, ce qui leur ôte aussi leur astringence. D’autres sont doux et peuvent se croquer comme une pomme.
De nouvelles sélections douces sont idéales pour la culture au potager. Le fruit se coupe en deux et se mange à la cuillère. La chair est fine et sucrée.Riche en carotène, en antioxydants et en minéraux, le kaki est d’un grand intérêt nutritionnel pour ceux qui l’aiment.
On l’utilise aussi bien dans des recettes salées que sucrées, un peu à la manière des coings.
Diospyros kaki est originaire du Japon et fut ramené par Joseph Banks dans la 2ème moitié du 18ème siècle. Kaki est d’ailleurs le nom japonais (à ne pas confondre avec le mot kaki ou mieux khaki, un mot indien signifiant couleur terre et adopté par l’empire britannique pour décrire la couleur de ses uniformes). Le plaqueminier est très largement cultivé au japon et ses fruits entiers sont séchés à l’air devant les maisons. Comme toujours au Japon, le pratique est également esthétique.
L’arbre produit une fleur cireuse couleur crème relativement insignifiante au printemps. Ses quatre pétales sont entourées de quatre sépales très voyantes qui persistent et sèchent. Il est utile d’avoir plus d’un arbre pour avoir une bonne fructification mais les nouveaux cultivars qu’on vous propose aujourd’hui sont autofertiles et un exemplaire suffit. Le fruit met longtemps à mûrir et est très décoratif sur l’arbre, même quand il est encore vert. Il requiert une longue saison chaude et ensoleillée pour arriver à maturité, ce qui n’est pas toujours le cas au nord.
Le plaqueminier du Japon de base est un fruitier qui atteint un développement assez important, tant en hauteur qu’en largeur, mais de nouvelles sélections sont moins encombrantes. Une bonne raison de le cultiver est son feuillage d’automne remarquable. Dans les régions méditerranéennes où l’on voit moins de couleurs d’automne, le kaki fait sensation. Il a en outre l’avantage de bien supporter la sécheresse et résiste au gel.
D’autres espèces de kaki sont cultivées pour leur valeur ornementale. Diospyros lotus, originaire de Chine est très rustique avec de belles feuilles luisantes. Ses petits fruits sont en revanche très astringents et ne se consomment que blets, ce qui n’est pas particulièrement appétissant. Diospyros virginiana est une espèce américaine, de même que texana. Le croisement de virginiana et kaki est un hybride qui présente les plus belles couleurs d’automne. Le genre compte plus de 750 espèces avec des représentants sur tous les continents.
Le plus étonnant est que notre joli fruit boule de Noël, appartient à la famille des ébénacées et est apparenté au bois d’ébène. L’arbre le plus précieux, dont le coeur du bois est dense et noir jais, est effectivement un plaqueminier: Diospyros ebenum. Cette espèce provient de Ceylan et a été surexploitée autrefois pour la fabrication d’objets de luxe. D’autres espèces de Diospyros produisent aussi du bois d’ébène de qualités diverses. Beaucoup sont menacées et en conséquence, leur production est strictement contrôlée, notamment à Madagascar. Les meubles sombres, les touches noires du piano, les cannes et les manches de couteaux en ébène ne sont plus d’actualité!